La monnaie est un bien commun, un outil au service des sociétés. Patrick Viveret, l’un des initiateurs du réseau d’échange Sol, rappelle que le droit de création monétaire a été transféré pour l’essentiel aux banques commerciales, et ceci sans aucun débat public. Il estime que la réappropriation démocratique de la monnaie est un enjeu décisif et que les réseaux d’échanges solidaires sont les laboratoires ou s’expérimentent et se préfigurent un autre rapport à l’échange marchand. Entretien.
Le capitalisme étend sans cesse l’échange marchand, le règne de la marchandise. Où en est l’échange aujourd’hui, est-il possible d’échapper à la marchandise, à cette extension infinie du rapport monétaire et de cet échange marchand ?
D’abord, le paradoxe que nous vivions, c’est que ce que Stiglitz appelle le fondamentalisme marchand, l’extension démesurée de la sphère de la marchandise à tous les aspects de la vie sociale, affective, politique, culturelle et même spirituelle, a comme effet de limiter, voire de détruire les possibilités d’échanges.