Parole à ... François Hollande

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Parole à ... François Hollande

Après Francis Vercamer et Nadine Morano, le député de Corrèze et candidat PS à l’élection présidentielle prend la parole. Dans une tribune du Monde datée du 15 juin et intitulée « Il faut avoir confiance en la démocratie sociale », il précise son projet sur le développement de la démocratie sociale. C’est l’occasion d’en savoir plus sur la place qu’il entend donner à l’ESS.

Quelle forme doit, selon vous, prendre la reconnaissance de la représentativité patronale de l’économie sociale à la lumière de l’évolution importante de la démocratie sociale dans notre pays que vous appelez de vos voeux ?

La démocratie sociale n’est pas un concept. Elle est l’aboutissement philosophique et politique d’un très long combat, initialement mené par les syndicats de salariés, afin de donner à chacun le droit d’être représenté et entendu.

Elle repose sur ce qui devrait être une évidence : les accords entre parties prenantes permettent d’avancer
plus sûrement, en respectant les contraintes du terrain, chaque fois que les représentants du monde patronal et des salariés peuvent s’entendre. La démocratie sociale est intrinsèquement liée à la République ; elle devrait en être le moteur. A ce titre, il est impossible d’en exclure un secteur professionnel entier sans en corrompre l’esprit. C’est en ce sens que je souhaite, dès les premiers jours qui suivront l’élection présidentielle, que soit convoquée une conférence sociale qui se saisira des sujets prioritaires pour notre avenir commun comme l’emploi des jeunes, la sécurisation des parcours professionnels, la lutte contre la précarité, l’égalité salariale entre les femmes et les hommes, la souffrance au travail, la lutte contre toutes
les discriminations et une nouvelle gouvernance des entreprises. La négociation collective doit être affirmée
comme vecteur essentiel de notre démocratie. Et c’est pourquoi je souhaite que son rôle, son périmètre et son champ d’intervention soient pleinement reconnus par la Constitution.

Cette refondation de notre démocratie sociale ne peut pas être sérieusement envisagée sans que soit pleinement reconnu et affirmé le rôle de l’économie sociale et solidaire. Comment peut-on accepter qu’un secteur employant plus de deux millions de personnes, créant 100 000 emplois par an et représentant près de 10% de notre produit intérieur brut ne soit pas reconnu à sa juste valeur au sein des organisations représentatives ? Cela n’a pas de sens. Ce serait à la fois politiquement illégitime et économiquement inopportun. La démocratie sociale est vivante et évolutive. Elle doit se nourrir des mutations de notre société et reconnaître à chacun de ses acteurs la place qui lui revient. J’entends qu’elle s’appuie donc sur
les organisations qui fédèrent les acteurs professionnels de terrain, qu’il s’agisse notamment de l’Unapl, de la Fnsea ou de l’Usgeres.

L’économie sociale et solidaire doit être reconnue comme un acteur à part entière dans l’ensemble des enceintes de négociation, qu’il s’agisse de la Commission nationale de la négociation collective, du Conseil supérieur de la prud’homie ou de l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail. A chacun des niveaux de la négociation collective professionnelle, local ou national, la représentativité patronale de l’économie sociale et solidaire doit être pleinement affirmée.

Quelle place l’économie sociale devrait-elle tenir dans la prochaine mandature qui s’annonce sur fond de crise de la dette et de l’économie financiarisée ?

La très grave crise que nous traversons et qui fragilise notre tissu social n’est pas une fatalité. Elle résulte au contraire de choix nationaux et internationaux qui ont constamment favorisé la spéculation sur les produits financiers dérivés de court terme au détriment de l’économie réelle et de l’investissement productif.

L’économie solidaire et sociale, par la philosophie qui l’anime, par ses méthodes de travail, par ses liens profonds avec les territoires et du fait même de sa structuration autour des personnes et non des capitaux, doit jouer un rôle de tout premier plan dans cette reconfiguration du tissu professionnel et social. Du fait même de son identité particulière fondée sur des associations, des coopératives, des mutuelles et des fondations, elle constitue un rempart de toute première importance contre les dérives de la finance spéculative. A ce titre, elle doit être pleinement reconnue et soutenue.

Selon vous, comment le pays peut-il s’appuyer sur l’économie sociale pour développer l’emploi ?

Chaque année, un emploi sur cinq est créé par les entreprises de l’économie solidaire et sociale. La
croissance moyenne de l’emploi dans ce secteur suit une progression sensiblement supérieure à celle des autres entreprises privées et des organisations publiques.

J’entends, si je suis élu, que le rôle essentiel de cet acteur soit pleinement reconnu :
- l’affirmation des acteurs de l’économie sociale et solidaire aux niveaux territorial et national doit permette la juste défense de leurs intérêts et la valorisation de leurs activités ;
- l’accès aux dispositifs de droit commun et à la commande publique doit être assuré ; le développement et la reconnaissance des coopératives d’activité et d’emploi doivent être soutenus ;
- la sensibilisation aux métiers soutenus par cette économie doit faire l’objet d’un investissement massif au sein de l’Education nationale
- les mesures fiscales que je propose permettront que les petites et moyennes entreprises, soit trois entreprises sur quatre dans le domaine de l’économie sociale et solidaire, soient soutenues tant en termes d’impôt sur les sociétés que de cotisations patronales.

L’économie solidaire et sociale est au coeur de notre économie. Elle est également au coeur de notre société. Elle constitue un vecteur de croissance juste et équitable. Je m’engage à la défendre, à la soutenir, à la promouvoir.

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