Les motivations et freins au don font apparaître des éléments transversaux aux différents profils de donateurs et des spécificités propres à chaque « type ».
Les éléments transversaux traduisent la complexité des phénomènes du don :
le sentiment d’une forte injonction sociale aux actes de don, conjugué au refus d’une culpabilisation par les médias ou les associations ;
le sentiment d’inadéquation du terme « don » aux réalités évoquées, lesquelles sont très différentes selon qu’il s’agit du don en nature, de la main à la main, de don d’argent par envoi de chèques aux associations, ou de bénévolat. Dans tous les cas, le terme de « don » est jugé trop fort, le terme « d’aide » lui étant préféré ;
la mise en jeu des représentations et niveaux de motivations très divers : un niveau socio-politique impliquant des représentations implicites ou explicites du lien social ; un niveau économique, celui de l’échange et de son dépassement par l’absence de contrepartie ; un niveau éthique, le rapport à autrui comme alter ego ; et parfois un niveau spirituel ou religieux. Selon les interviewés, ce sont tantôt l’une ou l’autre, ou plusieurs de ces dimensions qui sont privilégiées. Il est fréquent qu’elles soient imbriquées. En particulier, les croyants non pratiquants reconnaissent sou- vent une influence diffuse de l’éducation religieuse, tout en invoquant des motivations plus explicites de nature sociale. Et parallèlement, le terme de « charité » est fortement rejeté dans la mesure où il met en jeu une relation dissymétrique entre le donateur et le bénéficiaire, alors que le don, tel qu’il se pratique aujourd’hui, repose presque toujours sur la volonté de restaurer l’égalité ontologique entre les hommes. Il faut distinguer les motivations profondes du don et le passage à l’acte, celui-ci n’étant pas également rationalisé chez tous les donateurs.