Le CNE a été imposé par ordonnance ; la loi dite « Egalité des chances » incluant le CPE, a été adoptée au moyen du 49-3. Ni le CPE, ni le CNE n’ont fait l’objet d’un dialogue avec les organisations de jeunes et de salariés. Et, malgré l’opposition très majoritaire, le Président de la République refuse d’entendre et promulgue la loi donc le CPE. Comme le gouvernement, il s’installe dans une posture de mépris qui fait obstacle à la démocratie.
Quand le Président déclare "le CPE peut être un instrument efficace pour l’emploi" et "des entreprises, parce qu’elles craignent les rigidités excessives, préfèrent refuser une commande ou délocaliser plutôt que de recruter", il s’inscrit dans l’idée qu’au nom de la "raison économique" et de la concurrence, seuls des salariés "jetables" sont embauchables. Pourquoi toujours plus de précarité et d’insécurité sociale pour les jeunes qu’ils soient non qualifiés ou diplômés ? Notre société ne peut pas se construire dans une perpétuelle régression des droits sociaux. On laisse dans la désespérance les jeunes et les salariés. Les citoyen(ne)s demandent des solutions pour sortir de la spirale infernale de la précarisation.
Et, il ajoute "la période de deux ans sera réduite à un an" ; un an donc sans savoir le matin si on travaillera le lendemain ; puis, "en cas de rupture du contrat, le droit... à en connaître les raisons sera inscrit", une formule bien vague. Pourquoi, les jeunes de moins de 26 ans, n’auraient-ils pas tous les droits attachés au CDI, au CDD et aux conventions collectives ainsi que le droit inaliénable au recours devant une juridiction, les Prud’hommes ? Modifié ou non, le CPE est, par nature, discriminatoire et porte atteinte à l’égalité comme à la dignité.
Parallèlement, tout se passe comme si le Président et le gouvernement voulaient décourager une mobilisation sociale historique ; on veut faire croire que la citoyenneté active ne sert à rien ou à peu. Plus gravement, le Pouvoir poursuit une stratégie de confrontation qui peut susciter des violences qu’il ne manquera pas d’exploiter. La Ligue des droits de l’Homme demande solennellement aux plus hautes autorités de l’Etat de ne pas continuer dans cette voie.
La Ligue des droits de l’Homme demande l’abrogation pure et simple du CNE comme du CPE ainsi que de la loi dite « Egalité des chances » qui, pour l’essentiel, outre le CPE, renforce la précarité et stigmatise les familles et les personnes en difficulté.
La Ligue des droits de l’Homme rappelle que les atteintes aux droits fondamentaux, dont les droits sociaux, contribuent à exacerber le recul du politique, avec tous les dangers que cela implique. Les droits sociaux sont un élément fondamental du combat pour les droits de l’Homme. C’est pourquoi, la Ligue des droits de l’Homme, attachée à défendre et promouvoir tous les droits, appelle les citoyen(ne)s à participer massivement à la journée de mobilisation et aux manifestations du mardi 4 avril - rassemblements à 10H.