Une étude menée en 1998 en Australie a mis en évidence la présence de trois pesticides en moyenne dans le méconium d’une cinquantaine de bébés, en quelque sorte contaminés avant la naissance. Une étude parmi plus de 300 répertoriées dans le livre de François Veillerette, "Pesticides, le piège se referme". "Si on n’a rien trouvé chez les bébés français, c’est simplement parce que l’on n’a pas cherché", a remarqué François Veillerette lors de la présentation jeudi de son livre. Fort peu d’études sur les pesticides et leurs effets sur la santé sont en effet conduites en France. Le premier objectif de François Veillerette dans ce petit livre documenté a donc été de porter à la connaissance du public des études publiées dans les revues scientifiques anglo-saxonnes, et peu connues en France. Le MDRGF (Mouvement pour le droit et le respect des générations futures) travaille depuis des années sur le lien entre pesticides, santé et pratiques agricoles. Pour la première fois, en août 2001, la publication par le MDRGF d’une étude tout à fait officielle de la direction de la santé de la Commission européenne a ébranlé le public français : on y lisait que la moitié des fruits, légumes et céréales consommés en France contenaient des résidus de pesticides, dont 8% à des doses supérieures aux limites maximales admises. "Ce chiffre est sans doute supérieur à l’état réel de contamination moyenne des aliments, car les analyses ont ciblé des produits à risque, mais il est révélateur d’une tendance", souligne François Veillerette. Une étude conduite en 2001 par l’association néerlandaise "Stichting Natuur en Milieu" n’est pas plus rassurante : 70% des 100 raisins de table grecs, italiens et français testés contenaient des résidus supérieurs au maximum toléré par la réglementation.Certes, il s’agit de faibles doses, pour lesquelles aucune étude ne peut établir de lien direct de cause à effet avec des maladies. Il faudrait pour prouver ce lien faire ingérer à une population test de faibles doses de pesticides pendant vingt ans ou plus, ce qui serait contraire à l’éthique. Mais en revanche, de très nombreuses études mettent en évidence le risque statistiquement accru pour des personnes exposées à un produit toxique de développer une maladie par rapport à une population témoin non exposée. Plusieurs pathologies (cancers, baisse de fertilité, anomalies congénitales) ont ainsi été mises en évidence pour les populations agricoles."Dès lors, il nous faut appliquer le principe de précaution et réduire fortement les doses de pesticides utilisées dans l’agriculture", estime François Veillerette. Il prône l’adoption d’une directive européenne, avec des objectifs chiffrés de réduction de l’utilisation des pesticides. Le Danemark a ainsi réduit de 47% l’utilisation de pesticides sur la période 1987-97, et la Norvège de 54% entre 1985-96 La France est le deuxième utilisateur mondial de pesticides après les Etats-Unis et le premier européen, avec une consommation moyenne de 100.000 tonnes par an.
Livre : "Pesticides, le piège se referme"
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