Il le disait, souvent. Il le disait en éclatant de rire : « Même dans la pire des catastrophes, il y a toujours quelque chose à faire. » Arnaud Marty-Lavauzelle est mort du sida dans la nuit de lundi à mardi (1), chambre 9, à l’hôpital la Pitié-Salpêtrière de Paris.
C’était une des personnalités les plus flamboyantes de l’histoire du sida en France. Mais aussi les plus efficaces, les plus combattantes. Président de l’association Aides, de 1992 à 1998, c’est-à-dire pendant les pires années. Depuis plus de trois ans, cela n’allait plus. Le virus gagnait, le corps s’épuisait, jamais pourtant il ne baissait les bras. Malade puis vingt ans, il disait : « Il faut tenir, tenir, jusqu’à demain. » Ces derniers mois, nul n’y comprenait plus rien. L’équipe du professeur Christine Katlama faisait tout, et même parfois l’impossible. Son compagnon Hugo Curletto était là, il s’énervait. Hugo est styliste. Alors que ses proches étaient démunis, désemparés par l’aggravation de son état, c’était Hugo qui a pris la relève. Arnaud ne parlait plus. C’était Hugo qui s’est mis à parler pour lui. Arnaud n’avait plus la force de se battre. Hugo se battait à sa place.