Les valeurs de solidarité et de proximité ont fait place à la recherche de l’efficacité et au gigantisme. Enquête sur la mutation accélérée et parfois incontrôlée des mutuelles d’assurances et des banques coopératives.
Les mutuelles sont-elles condamnées à suivre les traces d’Axa ? A perdre leur statut mutualiste pour faire avant tout, elles aussi, du profit, à recourir au marché financier et à croître à l’international ? La magistrale réussite de Claude Bébéar, le fondateur d’Axa, a, il est vrai, de quoi les faire rêver. En vingt ans, celui qui n’était que le patron d’une petite mutuelle rouennaise s’est constitué un empire mondial qui génère 79 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Sa stratégie a été d’une redoutable efficacité. Il a fusionné une myriade de mutuelles régionales, avant de s’introduire en Bourse pour financer en 1996 un rachat de l’UAP et poursuivre son développement à l’étranger. Un cas d’école qui commence à faire des émules. D’autant que les nuages s’amoncellent au-dessus du petit monde mutualiste.
Les banques coopératives, les mutuelles d’assurances et de santé, doivent faire face à des contraintes de solvabilité toujours plus strictes et contraignantes qui les obligent à constituer d’importantes réserves. Des règles de prudence que dénonce Jean-Pierre Davant, le patron de la Mutualité française : « Les organismes de contrôle imposent aux complémentaires santé des normes injustifiées qui les obligent à immobiliser d’importants montants financiers. Ce qui contribue au renchérissement des frais de santé. »