Un peu plus d’un an après avoir pris le contrôle du Crédit lyonnais, la Banque verte se dit également prête à accentuer son développement international estimant, selon les mots du président de la FNCA Jean-Marie Sander, que "ce que nous avons réussi en France peut être réussi ailleurs".
Ces objectifs ont été développés lors du congrès de la FNCA (Fédération nationale du Crédit agricole), l’organisme regroupant les caisses régionales du groupe mutualiste, qui s’est achevé mardi à Tours.
"Nous avons la volonté de faire la course en tête et même de creuser l’écart sur nos concurrents", a dit Yves Couturier, secrétaire général de la FNCA.
A ces fins, les caisses régionales, dont la part du marché bancaire français avoisine les 28%, visent cinq points de plus à l’horizon 2010.
Pour y parvenir, elles comptent investir "puissamment" dans les villes et les grandes agglomérations afin de toucher un habitant sur quatre dans ces zones où, bien que présent depuis plus de 20 ans, la banque verte a "d’importantes marges de progression".
PAS DE DESTRUCTION DE VALEUR AVEC LE LYONNAIS
Le développement passera notamment par le redéploiement de près de 5.000 personnes jusqu’ici dans des fonctions administratives vers l’organisation commerciale de telle façon que 75% des effectifs des caisses régionales seront en 2010 au contact de la clientèle contre 66% aujourd’hui.
Au niveau des produits, la priorité sera donnée au financement du logement, avec un enrichissement de l’offre déjà la plus large du marché, et à l’assurance, notamment pour les produits de prévoyance ou de protection contre le risque de dépendance.
Le Crédit agricole entend aussi accentuer ses efforts à destination des entreprises ou de financement des collectivités locales tout en restant la banque la plus présente en milieu rural, le tout en confortant sa base mutualiste.
Pour le groupe, "un client sur deux a vocation à être sociétaire".
Pour ses dirigeants, ces ambitions sont tout à fait compatibles avec la présence dans le périmètre du groupe du réseau du Crédit lyonnais, dont la part du marché français se situe autour de 6%.
Au vu des différences de clientèle et d’organisation, "on peut se développer l’un et l’autre sans que cela soit destructeur de valeur l’un par rapport à l’autre", a dit Yves Couturier.
RESEAUX EN PERIL
Le Crédit agricole a en revanche réitéré ses critiques à propos du projet de banque postale, qui doit voir le jour l’an prochain.
Interpellant le secrétaire d’Etat au Budget Dominique Bussereau, présent lors de la dernière session du congrès, Jean-Marie Sander a indiqué que, "quand les bureaux de Poste sont financés par les collectivités locales, quand ils s’appuient sur le monopole du courrier, quand ils bénéficient d’exonérations fiscales, ils mettent en péril nos propres réseaux".
"On ne peut garder les avantages de la puissance publique sans subir les contraintes de la concurrence", a-t-il dit, ajoutant " : "D’ailleurs, qui peut penser que Bruxelles laisserait faire ?".
"Comment la Poste peut-elle oublier que les banquiers sont ses premiers clients ? et que, comme à tous les Français, elle va leur faire subir une hausse à deux chiffres du service postal ?", a-t-il encore affirmé.
S’agissant de l’étranger, le président de la FNCA a souligné que les positions du groupe hors de France "sont fortes (et) elles doivent encore être renforcées".
Il a indiqué clairement que les caisses régionales, qui contrôlent un peu plus de 50% de Crédit agricole SA, le véhicule coté du groupe, étaient prêtes à se mobiliser si nécessaire.
Elles "disposent de fonds propres importants qu’elles sauront investir dans un projet motivant. Elles contribueront le moment venu à saisir une opportunité pour peu qu’elle ait du sens industriel et qu’elle permette de construire un vrai partenariat d’où puisse émerger le leader européen"", a dit Jean-Marie Sander.