La philanthropie refait parler d’elle. Elle se manifeste à coups de milliards et à grand renfort d’annonces amplement médiatisées par l’action de fondations puissantes. Celles-ci seront-elles l’avenir de la solidarité ? Un point de vue de Patrick Savidan. Une version antérieure de ce texte est parue dans le numéro de décembre de Philosophie magazine.
La philanthropie deviendrait-elle une idée à la mode ? On pourrait être tentés de le penser. Dans ce registre, il y a quelques mois, Warren Buffet, le milliardaire américain, annonçait son intention de verser à diverses fondations philanthropiques, dont celle de Melinda et Bill Gates, 85% de sa fortune, soit un peu plus de 35 milliards d’euros, c’est-à-dire trois fois le budget qu’il est prévu de consacrer en 2007, en France, à la solidarité et à l’intégration et plus de 10 fois le montant annuel de l’aide publique internationale accordée aux pays en voie de développement. Ce n’est pas rien. D’autant que ce record philanthropique s’inscrit dans une démarche plus partagée qu’on ne le pense parfois. Pour des raisons qui ne sont pas que morales, les fondations se multiplient et leur capacité d’intervention s’accroît.