Depuis trente ans, les gouvernements occidentaux usent de multiples artifices pour réduire la fiscalité et leurs dépenses. L’un d’eux consiste à sous-traiter les services sociaux que l’on ne souhaite plus financer à des bénévoles et à des organisations caritatives, tout en encourageant la charité privée et la philanthropie. Bref, à solliciter l’aumône de ceux que l’on a renoncé à imposer.
Les bénéficiaires de l’« aide » au développement ne sont pas toujours ceux qu’on croit. Financé par la Banque interaméricaine de développement, le parc industriel de Caracol est supposé favoriser le développement économique d’Haïti. Non seulement il fournit une main-d’œuvre à bas prix surtout à l’industrie textile coréenne vendant sa production sur le marché américain, mais il a provoqué le déplacement d’un millier d’agriculteurs.
Le concept de philanthropie émerge aux États-Unis à la fin du XIXe siècle, tandis que le nombre de millionnaires explose dans le pays – ils étaient une centaine en 1870 et presque 40 000 en 1916. Pour donner une image généreuse d’eux-mêmes et légitimer leur opulence, les riches investissent alors dans de nobles causes : ils construisent des bibliothèques, des hôpitaux, des universités, etc.