En effet, si on a le sentiment que les emplois-jeunes ont largement " aidé " les associations, l’augmentation de l’activité associative par les emplois-jeunes reste une hypothèse non vérifiée économiquement. C’est en examinant précisément toutes les sorties du dispositif (depuis cette année donc) que nous pourrions mesurer la réelle capacité de solvabilisation des activités ainsi créées.
Cela n’a pas échappé au gouvernement qui a confirmé le programme, animé par la Caisse des dépôts en partenariat avec la DGEFP, d’expertise auprès des associations concernées par la question de la pérennisation des nouveaux services créés par les emplois-jeunes.
Des dispositifs locaux d’accompagnement (DLA) devraient procéder à des conseils dans chaque département d’ici la fin de l’année ; des centres de ressources régionaux devraient animer ces travaux par filières d’activités (services à la personne, médiation dans les transports, environnement etc.). Il apparaît déjà là clairement que la solvabilisation de ces nouveaux services passera par le principe d’un modèle économique mixte ou pluriel, engageant à la fois les usagers, les collectivités locales et les entreprises à la recherche d’un service collectif solvable.
D’un point de vue plus théorique, et en guise d’invitation au débat, on est en droit de s’interroger sur deux points. Si la demande sociale solvable est la condition de pérennisation d’un emploi aidé, pourquoi continue t-on à financer des militaires, des chercheurs, des hommes politiques ? Peut-on sérieusement penser qu’ils sont financés à perte ? La mission d’intérêt général et/ou collectif justifie en partie la pérennisation par l’argent public de certains emplois aidés au-delà des seules fonctions régaliennes. Et si la création de richesses, économiques ou sociales, reste à prouver, ces emplois de services relationnels ne créent pas d’externalités négatives, coûteuses à la société (destruction d’emplois par développement technologiques, pollution, etc.).
Sur un autre plan, celui des entreprises est-ce que les exonérations de charges sociales correspondent au coût estimé par l’Etat de la prise en charge - non solvabilisée - des personnes difficilement employables ? Comment dès lors l’entreprise pérenniserait systématiquement ces emplois après la fin des exonérations de charges ? Cette question du rapport entre objectifs d’employabilité et effet d’aubaine ne prend pas la même signification dans le secteur marchand et non marchand. Au final, l’argent investis par l’Etat dans le secteur non marchand peut ne pas atteindre tous ses objectifs mais demeure un investissement public non privatisé et contrôlé rigoureusement. Cela reste un gage d’efficacité de l’action publique pour l’emploi, gageons que cette problématique redeviendra d’actualité d’ici peu.