Trouvant son origine dès le début de l’ère industrielle, l’économie sociale et solidaire (ESS) est théorisée dans les années 1990, introduisant la question de la démocratisation de l’économie » au sein des débats publics et citoyens.
Dans les années 1990, le mouvement anti-utilitariste dans les sciences sociales (dont l’acronyme est « Mauss » et Alain Caillé le chef de file) et les théoriciens de « l’économie solidaire », dont Jean-Louis Laville et Bernard Eme sont les principaux auteurs, ont activement participé à introduire la question de la « démocratisation de l’économie » par les mouvements issus de la société civile au sein des débats publics et citoyens. Ces approches ont eu pour effet de donner une unité artificielle à des pratiques, pourtant profondément hétérogènes,uniquement justifiée par l’intuition, vague et confuse, selon laquelle ces activités « solidaires » seraient intrinsèquement porteuses d’une « autre économie » aux contours incertains et aux fondements indéterminés. Le succès de la catégorie d’« économie solidaire » a ainsi fortement participé à la mise à l’agenda de politiques publiques : au niveau des collectivités territoriales tout d’abord, et ce quelle qu’en soit l’appartenance partisane, puis au niveau de l’État avec la nomination d’un ministre délégué à l’Économie sociale et solidaire (ESS) en juillet 2012 et l’adoption d’une loi instituant l’« économie sociale et solidaire » en 2014 (loi n° 2014-856 du31 juillet 2014).