S’associant aux craintes de 7 autres acteurs de la lutte contre l’exclusion et de la CFDT, le CNEI (Comité National des Entreprises d’Insertion) a signé hier une déclaration demandant au gouvernement de « revoir sa politique » et notamment ses choix budgétaires en matière de politique de l’emploi. A l’heure actuelle, un milliard d’euros manque dans le budget 2007 pour la lutte contre le chômage et l’exclusion. En ce qui concerne les entreprises d’insertion, la démonstration de leur pertinence et de leur savoir-faire en matière d’insertion professionnelle leur avait, en 2004, permis de convaincre le gouvernement de l’époque de lancer une politique de développement de leur offre d’insertion. Cette demande entendue, il était alors prévu que le nombre de postes passe de 11 000 à 15 000 à l’horizon 2007. Les entreprises ont pleinement répondu au défi puisque ce niveau de développement a été atteint dès fin 2006, soit avec un an d’avance. Las, malgré un taux de retour en emploi supérieur à celui de l’ANPE, le nombre de postes est aujourd’hui plafonné.
Les choix fiscaux et budgétaires du gouvernement décidés cet été semblent donc s’effectuer au détriment de la politique de solidarité pour les populations les plus éloignées de l’emploi. Le CNEI estime que « le gouvernement agit selon une vision purement comptable, qui est à la fois dangereuse et erronée. Dangereuse car semblant signifier qu’il se soucie peu de la partie de la population qui n’a pas pu profiter de la baisse du chômage. Erronée parce que privilégiant le court terme, alors même que les entreprises d’insertion, loin d’être une charge pour l’Etat, lui rapportent annuellement plus de deux fois ce qu’elles lui coûtent (voire quatre fois si l’on y inclut les « coûts évités »). »
Etonnement, donc, de la part des entreprises d’insertion, d’autant plus que lors des récentes rencontres avec le Ministère et l’Elysée, ceux-ci avaient semblé sensibles aux propositions concrètes du C.N.E.I quant à une continuité du développement de l’offre d’insertion qui s’appuierait notamment sur un partenariat renforcé avec le monde économique traditionnel. Conformément à ce voeu, les entreprises d’insertion et leurs partenaires (MEDEF et branches professionnelles) concrétisent et formalisent actuellement leurs liens.
Le C.N.E.I se dit donc surpris par cette mesure, qui peut faire craindre l’oubli des promesses du candidat Sarkozy, mais aussi des déclarations d’intention du Président de la République quant à sa volonté de « redonner aux Français le goût du travail ». « Les entreprises d’insertion ont fait de l’insertion par l’emploi leur philosophie et leur vocation, en accompagnant annuellement plus de 60 000 personnes vers une réinsertion sociale et professionnelle incontestable. Freiner leur développement va à l’encontre de la volonté affichée du gouvernement de relancer la croissance et l’emploi.