"Développer une économie innovante tant sur le plan technologique que social ou organisationnel", qui soit "créatrice d’activités et d’emplois de qualité pour tous" et "génératrice de cohésion sociale". Telle est l’ambition qu’affirment les régions dans le "manifeste pour une économie sociale et solidaire", présenté par l’ARF (Association des régions de France) mercredi 8 octobre 2008. Sur fond de crise financière mondiale, cette présentation a tourné à un réquisitoire contre les "excès du capitalisme". Philippe Chesneau (Verts), vice-président du Conseil régional de Provence-Alpes-Côte d’Azur et président de la commission "économie sociale et solidaire" de l’ARF, a ainsi opposé les "valeurs" de l’économie sociale et solidaire, telles que la solidarité ou la coopération, aux "travers" d’un système financiarisé, comme la "cupidité" ou "l’exclusion des plus faibles".
François Patriat (PS), sénateur, président du Conseil régional de Bourgogne et de la commission "économie" de l’ARF, considère lui aussi que parler d’économie sociale et solidaire actuellement a "un vrai sens". Il souligne à cet égard la "réalité" de cette économie qui "ancre les projets dans les territoires" et participe donc de "l’emploi durable et non délocalisable" : "plus de 210 000 employeurs, 10% à 16% de l’emploi privé en France, une croissance de 3% chaque année pour une masse salariale de 57 milliards d’euros". En importance, "dans le Sud, l’économie sociale et solidaire représente autant que le tourisme", renchérit Philippe Chesneau.
OBJECTIFS STRATÉGIQUES PARTAGÉS
Ils plaident donc pour que ce secteur prenne "toute sa place" avec l’appui, en particulier, des régions. Depuis 2004, rappellent-ils, l’économie sociale et solidaire est intégrée à "tous les schémas régionaux de développement économique". Aujourd’hui, le manifeste affirme "la nécessité d’objectifs stratégiques partagés avec l’État, l’Europe, les autres collectivités locales et les acteurs" mêmes du secteur en régions, afin de "donner toutes ses chances à cette autre forme d’économie de se développer durablement et d’opérer un véritable changement d’échelle".
De leur côté, les régions s’engagent dans le manifeste à "appréhender l’économie sociale et solidaire comme une dimension essentielle de l’économie régionale", y compris en y consacrant "une part significative des budgets alloués au développement économique". Entre autres dispositions, les régions s’engagent à "appuyer la structuration des acteurs de l’économie sociale et solidaire", à "promouvoir et favoriser l’achat éthique et solidaire dans les achats publics", via en particulier la diffusion d’un guide réalisé par l’ARF.
Elles entendent aussi "développer l’entrepreneuriat collectif à travers des actions de sensibilisation et de promotion auprès des jeunes" et des "réseaux de création d’entreprise", tout en encourageant la reprise d’entreprise par les salariés, notamment en Scop (société coopérative de production) et en promouvant les initiatives du type SCIC (société coopérative d’intérêt collectif).