Par son parcours singulier et méconnu, l’internationaliste suisse James Guillaume (1844-1916) a été un théoricien et un passeur des idées pédagogiques progressistes, en particulier l’éducation intégrale issue du monde socialiste et libertaire. Attentif à l’histoire de la Révolution française et de ses projets émancipateurs, il a contribué d’une manière très significative à l’édification des fondements théoriques de l’École de la Troisième République française.
L’expérience de l’internationalisme, puis la théorisation de l’École républicaine
Né à Londres, James Guillaume adhère à l’Association internationale des travailleurs (AIT) avant de devenir l’un des dirigeants de la Fédération jurassienne. Proche de Bakounine, il dirige cette fédération antiautoritaire à partir de 1872 et la rupture avec le Conseil général de l’AIT sous l’influence de Karl Marx. Il avait brièvement exercé les fonctions d’enseignant au Locle (en Suisse) et s’est intéressé aux questions éducatives dans le cadre de l’Internationale comme de la Fédération jurassienne. Après son départ en France en 1878 à l’invitation de Ferdinand Buisson, il participe activement à ses côtés à la création de l’instruction primaire sous la Troisième République.