Supprimer la DIES (Délégation Interministérielle à l’Innovation Sociale et à l’Economie Sociale), et créer la Délégation Interministérielle à l’Innovation et à l’Expérimentation Sociale, participe de l’élimination de l’économie sociale du champ de l’action publique.
Est-ce cela qui est recherché ?
Cette décision, prise sans la moindre consultation, ni concertation avec le secteur concerné, revient à nier le rôle primordial joué par les composantes de l’économie sociale : Mutuelles, Coopératives, Associations et Fondations, tant dans les domaines de l’innovation sociale de l’expérimentation et de la lutte contre l’exclusion, que dans celui de la création d’emploi, de richesses, et donc facteur de développement économique et de solidarité.
Cela remet également en question le travail réalisé, sans discontinuité depuis 1981, entre les pouvoirs publics et l’économie sociale. L’ajout, en 1991, de la mission « innovation sociale » à la délégation a reconnu le rôle de l’économie sociale comme acteur essentiel de l’innovation sociale et a permis de le renforcer.
Enfin, cette décision ignore les 780 000 entreprises et groupements de l’économie sociale, présents dans la totalité des secteurs économiques et inscrits sur les territoires, employant plus d’1,8 million de personnes.
Au moment où les actions engagées par les acteurs de l’économie sociale sont espérées et sollicitées dans le cadre de la politique pour l’emploi, (par exemple, développement des services à la personne), des politiques de développement territorial (ex : reprise de PME ou de très petites entreprises sous le statut coopératif), cette démarche est difficilement compréhensible. Les acteurs de ce secteur la considèrent comme une mise à l’écart du concept « d’entreprendre autrement », réalité économique qui est pourtant la seule aujourd’hui à se développer en faisant le lien entre économique et social.
Rappelons que de nombreuses activités émergentes, innovantes, et à forte valeur sociale ajoutée n’ont pu voir le jour qu’en prenant appui sur les grandes entreprises du secteur (Mutualité - Coopération - Banques Coopératives) pour assurer leur développement, voire leur solvabilité.
Tout en considérant l’importance majeure pour notre pays de la lutte contre l’exclusion, les organisations de l’économie sociale réunies au sein du CEGES s’étonnent que les moyens trouvés pour ce chantier, le soient au détriment de ceux qui depuis des années orientent une grande partie de leurs forces et leurs convictions vers la lutte contre ces mêmes exclusions.
Nous demandons instamment au Premier ministre de reconsidérer sa décision, que la Dies garde l’ensemble de ses prérogatives et que la création d’une délégation dédiée à la lutte contre l’exclusion sociale soit un outil complémentaire aux dispositifs existants.
GROUPEMENT NATIONAL DE LA COOPERATION (GNC)
COMITE DE COORDINATION DES ŒUVRES MUTUALISTES ET COOPERATIVES DE L’EDUCATION NATIONALE (CCOMCEN)
FEDERATION NATIONALE DE LA MUTUALITE FRANCAISE (FNMF)
GROUPEMENT DES ENTREPRISES MUTUELLES D’ASSURANCES (GEMA)
CONFERENCE PERMANENTE DES COORDINATIONS ASSOCIATIVES (CPCA)
ASSOCIATION REGROUPANT DES FONDATIONS DE L’ECONOMIE SOCIALE (ASFONDES)
CONFERENCE NATIONALE DES CHAMBRES REGIONALES DE L’ECONOMIE SOCIALE (CNCRES)
UNION DE SYNDICATS ET GROUPEMENTS D’EMPLOYEURS REPRESENTATIFS DANS L’ECONOMIE SOCIALE (USGERES)