La chasse à la bagnole est ouverte. La France, elle aussi, se convertit au transport « doux ». Tram, vélos en libre-service, auto-partage... A l’approche des municipales, chaque maire défend son projet. Christophe Boltanski a enquêté sur ce nouvel idéal citadin qui risque aussi d’élargir le fossé entre centre et banlieue
A droite, deux policiers verbalisent un jeune motard, coupable d’avoir remonté la bande d’arrêt d’urgence. Sur la voie de gauche, un conducteur se cure le nez. « Attention, sale caractère », prévient l’autocollant plaqué sur son pare-brise. Derrière lui, un livreur tient son volant à bout de bras, comme s’il essayait de le pousser. Inutile. Sa voiture est à l’arrêt, comme les autres. 7h22 et un énième bouchon. « A6 = BP 29 min », annonce le panneau à diode, suspendu à une passerelle. Traduction : 29 minutes pour rejoindre le périph. Même à pied, ça irait plus vite. Une sirène de pompier fait craindre le pire. « Il y a beaucoup de difficultés en direction de Paris », confirme l’animateur de RMC qui souhaite « courage et patience » à ses auditeurs motorisés. Ces amas de tôles immobiles contiennent surtout des hommes solitaires.
Des murs antibruit, recouverts de graffitis, forment leur horizon immédiat. Au loin, une brume grisâtre enveloppe la tour Montparnasse. Un jour ordinaire dans la vie d’un Francilien à quatre-roues.