Le Ministre de l’immigration, de l’intégration, de l’identité nationale et du développement solidaire, Eric Besson, a
signé ce week-end l’attribution du marché des centres de rétention administratifs des étrangers à six organismes
sans attendre la décision du Tribunal administratif qui avait suspendu l’appel d’offre.
Une décision qui a
provoqué une vive polémique entre la Cimade, et le Ministre de l’immigration, lequel a déclaré sur France
Inter [1] : « C’est quand même une conception assez particulière de mordre et de cracher en permanence sur la
main qui vous nourrit. »
Au-delà du contexte de cet événement situé sur le terrain sensible de la politique publique d’immigration, cette
affaire révèle au grand jour un climat d’incertitudes et de préoccupations sur les relations contractuelles entre
associations et pouvoirs publics (Etat ou collectivités territoriales).
Ainsi, le passage de plus en plus constaté par les associations du financement public d’un projet associatif
d’intérêt général au financement d’une prestation pour le compte de l’autorité publique est souvent perçu comme
le choix d’une remise en cause de l’indépendance des associations des secteurs concernés, dans leurs
méthodes d’interventions comme dans leur fonction d’interpellation.
La CPCA, instance de représentation du mouvement associatif organisé en France, tient à rappeler à cette
occasion les principes fondamentaux, contenus dans la Charte des engagements réciproques [2], concernant les
relations contractuelles associations – pouvoirs publics :
Droit d’interpellation : Il n’est nullement indiqué dans cette Charte que le soutien des pouvoirs publics à un
projet d’intérêt général ait pour conséquence le bâillonnement des associations.
Initiative citoyenne : Les citoyens organisés sous statut associatif formulent un projet d’intérêt général aux
pouvoirs publics, qui décident ou non de le financer au regard de l’adéquation du projet aux politiques publiques ;
à l’inverse, la commande publique se définit par une demande des pouvoirs publics mise en oeuvre par un
prestataire indépendamment de son projet ou de son statut.
Une efficacité plébiscitée : Le partenariat entre associations et pouvoirs publics sur la base de la subvention
a clairement permis l’élaboration et la mise en oeuvre de très nombreuses actions publiques d’intérêt général
depuis plus de 50 ans (action sociale, environnement, éducation, etc.). Les Françaises et les Français interrogés
sur ce partenariat plébiscite les missions de service public réalisées par les associations dans notre pays et
demandent plus encore d’interventions associatives [3].
Une transparence réelle évaluée : Les modalités réglementaires de subventionnement ont été maintes fois
réformées depuis dix ans et aboutissent aujourd’hui à un contrôle très strict de l’usage des fonds publics (plus de
70 contrôles recensés) et de l’évaluation de ceux-ci au regard d’indicateurs de performance.
Conformément à l’annonce du Président de la République [4], la CPCA souhaite que la deuxième conférence
nationale de la vie associative ait lieu cette année pour qu’une nouvelle étape des relations contractuelles
pouvoirs publics – associations soit actée, respectueuse des légitimités de chacun.
[1] Journal de 13h sur France Inter du 11 mai 2009
[2] Charte des engagements réciproques entre l’Etat et les associations, signée le 1er juillet 2001 entre la CPCA et le Premier
Ministre. Extrait : « (les associations) fondent leur légitimité sur la participation libre, active et bénévole des citoyens à un projet
commun, sur leur capacité à défendre des droits, à révéler les aspirations et les besoins de ceux qui vivent dans notre pays et
à y apporter des réponses. L’Etat reconnaît l’indépendance associative et fait respecter ce principe en droit. »
[3] Cf. sondage CSA – Chorum-Crédit coopératif – Deloitte – automne 2008
[4] Réunion avec la CPCA du 4 avril 2008