Un milliard d’euros pour la transition juste. Nous résisterons !

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Un milliard d'euros pour la transition juste. Nous résisterons !

Lettre de Claude Alphandéry à l’assemblée du 6 juillet

Je ne sais si ma santé me permettra de participer physiquement à l’assemblée du 6 juillet ; mais je tiens à exprimer mon adhésion au plan d’action proposé tant il me rappelle – sans les rejoindre complètement – les grandes heures de la Résistance à l’envahisseur nazi : en 1940 une guerre effroyable, puis une répression implacable ; aujourd’hui, la violence plus contenue, plus sournoise de puissances financières qui mènent depuis les années 80 une course sans frein à la suprématie.

Dans les 2 cas, des dangers, des souffrances immenses provoquent chez les citoyens des réactions très vives ; mais, dispersées, désunies, elles peinent à s’unir tant au début de l’occupation(1940_43) que de nos jours, depuis le retour offensif du libéralisme économique – et ne parviennent à passer d’objectifs limités à un mouvement général créant une situation radicalement nouvelle.

Il y a eu pourtant des moments – je les ai vécus - où les résistants sont parvenus à surmonter leurs divisions, à s’unir dans des actions solidaires. Il me semble utile d’en remémorer brièvement les circonstances par ce qu’elles paraissent pouvoir inspirer notre démarche présente pour lier, solidifier, élargir des solidarités naissantes.

Au début de 1943, le général De Gaulle, inquiet du peu de cas des alliés pour la France libre ( en choisissant Giraud pour gouverner l’Afrique du nord), s’efforce de leur tenir tête en s’appuyant sur la résistance unie derrière lui, comme une incarnation de la France.

A cet effet, il charge Jean Moulin de relier, d’unir les actions dispersées menées par de multiples réseaux sous des impulsions diverses, individuelles ou collectives, privées ou publiques, politiques, confessionnelles, économiques ou culturelles. Jean Moulin a le temps, avant son arrestation et sa torture par les nazis de mettre en place ces liens, de tracer les voies d’une unification région par région. Il me charge en avril 1943 de mener cette action dans la Drôme.

Au même moment la mise en œuvre du Service de Travail Obligatoire(STO) en Allemagne indigne les travailleurs qui sans être pour beaucoup d’entre eux des résistants actifs refusent d’être en exil la main d’œuvre de l’effort de guerre allemand. Des milliers d’entre eux pour se cacher se pressent dans les maquis.
Il fallait pour les accueillir organiser ceux-ci , les sécuriser, les armer, les ravitailler. Il fallait aussi, tâche plus ardue encore, apprendre à vivre ensemble de façon totalement nouvelle à des hommes (car les femmes malgré l’héroïsme d’un grand nombre restaient à l’écart) n’ayant jamais connu que le travail et leurs voisins.

La vie dans ces camps a donné lieu à un étonnant apprentissage. J’en retiens l’extraordinaire aventure de ces fugitifs qui non seulement trouvent refuge, mais apprennent à se battre pour se défendre et plus encore deviennent des citoyens, se soucient de l’avenir, s’échangent des idées, coopèrent sur des savoir faire, découvrent des comportements et des solutions ; celles ci, contre toute attente
influant sur la politique nationale en pesant sur les auteurs du programme du CNR.

Cet apprentissage imprévu au départ, lorsque les réseaux dispersés de la résistance se sont unis pour organiser des maquis d’abord sans autre portée que le refuge et la défense, a produit un formidable mouvement de transformation de la société ; il a formé une grande part de ceux qui dans les entreprises, les institutions et les collectivités ont encadré les évolutions des 30 glorieuses.

Je suggère qu’il soit un exemple précieux pour l’effort de lien et de coopération entre les résistances que nous voulons enclencher le 6 juillet.

Les citoyens qui se réunissent en ce jour sont les enfants de ceux qui ont fait la Résistance. Les réseaux auxquels ils se rattachent ressemblent aux maquis de naguère.

Pour se défendre des dangers extrêmes qui sont les nôtres – d’ordre écologique social, économique, culturel, politique, ils apprennent à se rassembler, à élaborer des projets communs, à se fonder en un grand mouvement de transformation et de libération. Ce n’est pas facile, mais l’exemple des jours heureux du CNR montre que c’est possible et nous aussi le réaliserons !

Claude Alphandéry, le 25 juin 2023

Lettre de Claude Alphandéry & Discours de Bastien Sibille aux mille volontaires du 6 juillet
Plan d’actions

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