Le service civique est un engagement volontaire au service de l’intérêt général, ouvert à tous les jeunes de 16 à 25 ans, sans conditions de diplôme.Il fête lundi 9 mars ses 5 ans. Après les attentats contre « Charlie Hebdo », le gouvernement a souhaité en faire un outil pour mieux faire partager les valeurs républicaines avec un objectif de 150 à 170.000 contrats signés en 2017. Guillaume Chocteau, délégué général de Ressources solidaires, estime qu’il faut être prudent sur le risque de voir des service civique se substituer à des emplois.
Après les attentats de janvier 2015, le politique devait apporter des réponses concrètes. L’une d’elles a été l’idée de la création de 150.000 services civiques « pour renforcer la citoyenneté et le vivre ensemble ». Ce dispositif a en effet prouvé son utilité depuis 2010. Le bilan 2012 indique ainsi que la situation des jeunes s’améliore après un service civique (ils sont deux fois plus nombreux à être au travail qu’à l’entrée). Ces derniers le plébiscitent d’ailleurs car, outre l’expérience concrète qu’il leur procure, cela leur permet d’être dans un tissu relationnel, de s’autonomiser, de pouvoir trouver une activité permettant de donner un sens à leur parcours dans un environnement associatif souvent méconnu.
Pour les organismes accueillant les services civiques, le service civique constitue une ressource humaine supplémentaire pour des montages de projets d’utilité sociale, aux côtés des salariés et des stagiaires, bien que nécessitant un encadrement spécifique. C’est une opportunité de repenser la place de chacun et les projets sous l’éclairage « utilité sociale » et peut-être moins « finalité » ou « budget ». Mais il convient d’être vigilant, surtout devant le bond de 40.000 contrats actuels à 150.000 voire 170.000 souhaités. On sait déjà que pour des associations qui ont souvent peu de moyens, des stagiaires à 400 euros peuvent remplacer des salariés. Avec un coût estimé à 150 euros, les services civiques ne risquent-ils pas de se substituer à d’autres emplois y compris ceux en contrat aidé ? Il faudra être vigilant sur les missions réellement proposées, le niveau de compétences exigé, et la « vraie » utilité sociale attendue.
Il convient également de réfléchir dès à présent à la sortie du dispositif. Six mois pour entrevoir un parcours de vie, c’est court. Pourquoi par exemple ne pas amener un droit à la formation en alimentant un compte de formation professionnelle ? Il faut également penser à un accompagnement par les acteurs de l’emploi d’autant que les employeurs associatifs ne sont pas toujours outillés en matière de gestion des ressources humaines. Pour les petites associations non fédérées, on peut imaginer un accompagnement à l’encadrement d’un jeune sous forme de journée collective sur un territoire, pilotée par les chambres régionales de l’économie sociale et solidaire. Évitons de créer les conditions de la souffrance pour des bénévoles ! À ces conditions, le service civique peut apporter un vrai plus sans se substituer à d’autres dispositifs. Sachant que la première question reste de savoir où trouver le budget nécessaire pour financer 100.000 postes de plus ?
Guillaume Chocteau, délégué général de Ressources solidaires
Paru sur la Gazette Santé Social du 06/03/15