L’exécution de Saddam Hussein est exemplaire de l’Irak d’aujourd’hui : la barbarie de la peine de mort y fait suite à une mascarade judiciaire au milieu d’un pays livré à la guerre civile et à la violence généralisée.
Saddam Hussein était un odieux tyran, et la Ligue des droits de l’Homme a condamné à maintes reprises son régime criminel. Mais précisément l’immense majorité de ces crimes ne seront jamais jugés, et ce n’est pas un hasard : ils n’ont pu être commis que grâce à la passivité, voire à la complicité des Etats occidentaux. Il fallait donc que Saddam Hussein disparaisse avant qu’un procès digne de ce nom n’ait pu le démontrer.
Répondre au meurtre par le meurtre, à l’arbitraire par l’arbitraire, à la haine par la haine, c’est entretenir ce que l’on prétend combattre. Les conditions de la détention, du pseudo-jugement puis du meurtre légal de Saddam Hussein sont indignes des valeurs au nom desquelles on a dit vouloir renverser son régime. Elles ne pourront qu’aggraver l’effroyable gâchis créé en Irak par une intervention illégale et irresponsable. L’ensemble des peuples de la région, à commencer par les victimes de Saddam Hussein, subiront les conséquences de ce nouveau crime.
A Baghdad comme à Dallas, à Téhéran, à Ryad ou à Pékin, la peine de mort ne sert que la vengeance, pas la justice.