Ressources Solidaires : Les coopératives de jeunesse de services (CJS) viennent d’outre Atlantique. En quelques mots, pourriez vous nous les définir ?
Simon Careil : Les Coopératives Jeunesse de Services (CJS) permettent d’offrir aux jeunes coopérateurs (de 16 à 18 ans) un milieu propice aux apprentissages relatifs à l’exercice du pouvoir démocratique, à la gestion d’entreprise collective et à la réalité du travail. Les principes pédagogiques appliqués développent chez les jeunes la responsabilisation personnelle et mutuelle, la solidarité, la motivation ainsi que la compréhension réelle de l’utilité des apprentissages.
Ce modèle qui existe depuis 1988 au Québec a été expérimenté avec succès en Bretagne durant l’été 2013. Suivant cette dynamique, l’Ouvre-boîtes 44 porte deux CJS sur le département de Loire-Atlantique : au Sillon de Bretagne à Saint-Herblain et à Rezé.
Ressources Solidaires : Quelles différences avec une junior association ? Ou une junior entreprise ? Le modèle coopératif apporte une vision différente de l’entreprise dans sa gouvernance, est ce apprécié par les jeunes qu’on verrait facilement ouvert à ce genre de modèle ?
Simon Careil : La junior association est une structure à but non lucratif, portée par des mineurs. La junior entreprise, comme son nom ne l’indique pas, est également une association à but non lucratif, interne à des écoles supérieures ou à des universités, visant à mettre en pratique les enseignements théoriques dont les étudiants ont bénéficié.
La Coopérative Jeunesse de Services s’adresse à tous les jeunes de 16 à 18 ans, y compris déscolarisés. La CJS s’inscrit dans une démarche d’éducation populaire : les jeunes, quelque soit leur parcours, vont bénéficier d’une formation pratique en entrepreneuriat collectif.
Les CJS ont donc une vocation économique : elles permettent aux coopérants de découvrir le monde de l’entreprise coopérative, les rouages du marché, en gagnant un salaire. Elles font prendre conscience des différentes missions et fonctions dans une entreprise. Et font aussi connaître le militantisme et le rôle d’un citoyen en s’appuyant sur les principes et valeurs de l’économie sociale et solidaire.
L’objectif principal des CJS est de favoriser l’autonomie et la responsabilisation chez les jeunes : ils sont sensibles au fait de détenir un pouvoir décisionnel (1 personne = 1 voix), d’être considérés comme étant capables d’exercer ce pouvoir. Aussi, ils sont réceptifs au mode de gouvernance proposé par le modèle coopératif.
Ressources Solidaires : Pourquoi développer l’entrepreneuriat (même coopératif) plutôt que l’associatif ?
Simon Careil : En premier lieu, l’entrepreneuriat coopératif permet de répondre au besoin des 16-18 d’avoir un job d’été et de se faire un peu d’argent, ce qui est très difficile pour cette tranche d’âge.
Ce modèle permet aussi aux jeunes de se confronter au monde du travail et de commencer à se créer un réseau professionnel, d’avoir une première expérience à noter sur son CV.
Enfin, les coopérants sont là en tant que professionnels, et s’inscrivent à ce titre dans la vie économique de leur territoire. Les CJS proposent une offre de services aux entreprises, associations et particuliers. Les CJS portent donc un modèle économique et social.
Ressources Solidaires : Quels sont les partenaires de ce projet ? L’ESS semble t elle intéressée par le projet ? Selon vous, pourquoi ?
Simon Careil : Le modèle des Coopératives Jeunesse de Service est un concept québécois développé en France de manière exclusive par le Réseau Coopérer pour entreprendre.
Au niveau local, c’est l’Ouvre-Boîtes 44 qui développe les CJS de Saint-Herblain et de Rezé. Les Ecossolies participent aux deux comités locaux des CJS développées sur Nantes Métropole. Les acteurs de l’ESS sont donc bien présents, puisque les porteurs du projet sont des structures de l’ESS.
En effet, chaque CJS est composée d’un comité local qui rassemble des partenaires institutionnels, des entreprises, des acteurs de l’ESS et des structures jeunesse. L’idée est de mobiliser un réseau de soutien et de concertation, d’échanger des outils et consolider les projets locaux. Nous souhaiterions mobiliser largement le secteur de l’ESS, pour que les jeunes rencontrent par exemple des entrepreneurs-salariés de l’Ouvre-Boîtes 44 qui viendraient témoigner de leur expérience, ou que des structures commandent des prestations aux coopérants.
Outre les Mairies de Saint-Herblain et Rezé, à la fois partenaires opérationnels et financiers, l’ARPEJ, la Préfecture, la Région des Pays de la Loire, le Département de Loire Atlantique, et Nantes Métropole financent ce projet.