Dans son ouvrage, « Le nouvel esprit solidaire », le sociologue Bruno Frère montre que l’économie solidaire aujourd’hui s’inscrit dans les mêmes valeurs que le mouvement social né au 19è siècle. Porteur d’une proposition d’organisation sociale et politique alternative à l’économie de marché, cet imaginaire de l’économie solidaire pourrait, selon lui, servir à renforcer la dimension politique de l’économie sociale et solidaire.
Un espace commence à se dessiner, composant une image de l’économie solidaire plus large et plus riche que celle qui préside actuellement à l’échelle européenne à savoir l’insertion. Mais à tous les niveaux, il va falloir batailler pour ne pas laisser réduire l’économie solidaire.
Vous discernez deux grandes caractéristiques autour desquelles se reconnaissent les initiatives d’économie solidaire : la première est la reconnaissance d’une universelle compétence, que désigne-t-elle ?
On voit en effet renaître avec l’économie solidaire la même commune compétence reconnue à chacun et le même type de confiance que portaient les associations et coopératives qui se sont développées en France à partir de la révolution de 1848. De part sa simple humanité, tout le monde possède un savoir et chacun est reconnu capable et compétent, y compris les personnes les plus démunies. C’est présent dans les Réseaux d’échanges réciproques de savoirs (RERS) ou pour les personnes qui n’ont parfois d’autre choix que de lancer leurs propres initiatives économiques pour tenter de s’en sortir.