Le centenaire du 11-Novembre renvoie au passé. Il permet de garder en mémoire les horreurs que l’on voudrait ne plus vivre. Mais le onzième mois de l’année, c’est aussi celui de l’avenir, des innovations citoyennes qui rendent le futur désirable. En effet, novembre est le mois de l’économie sociale et solidaire (ESS). Cette dernière vise la démocratisation de l’économie en créant des activités fondées sur la réciprocité et la solidarité (Repair cafés, association pour le maintien de l’agriculture paysanne, commerce équitable, etc.). Ces activités sont qualifiées « d’utopies réalistes » par l’écrivain et historien néerlandais Rutger Bregman, ou encore « d’utopies réelles » par le sociologue américain Erik Olin Wright.
Le mois de l’ESS serait ainsi le mois de l’utopie. Pourquoi pas ? À condition bien sûr de s’entendre sur la définition de ce terme. Dans le langage courant, l’utopie est un doux rêve irréalisable. En ce sens, l’ESS serait le rêve social inaccessible d’acteurs déconnectés du réel. Dans le langage scientifique, cette fois-ci, l’utopie se réfère généralement à deux traditions radicalement opposées. La première, purificatrice, veut que la force de l’utopie réside dans l’impossibilité même de sa réalisation.