Jean-Hervé Bradol est président de Médecins Sans Frontières depuis 2000. Médecin, il a effectué à partir de 1989 une dizaine de missions pour MSF (en Ouganda, en Thaïlande, en Somalie, etc.) et travaillé au siège à Paris.
» EN DECEMBRE 2003, L’AIDE MEDICALE D’ETAT (AME), LE DISPOSITIF QUI PERMET L’ACCES AUX SOINS DES PERSONNES ETRANGERES DEMUNIES RESIDANT EN FRANCE SANS TITRE DE SEJOUR, A ETE REFORME. MSF VA-T-ELLE SE BATTRE POUR L’AME EN 2004 ? DE QUELLE MANIERE ?
La réforme constitue indéniablement une régression par rapport à dix ans d’évolutions positives en matière d’accès aux soins pour les étrangers résidant en France et ayant des revenus très faibles. Les nouvelles mesures sont récentes et donc nous manquons de recul pour en évaluer l’impact réel. Nous savons, à partir de 15 ans d’observation, que les conséquences seront négatives mais dans quelles proportions et à quel rythme, cela reste à observer. La suppression de l’accès immédiat à l’AME n’est pas la seule mesure. Pour l’autre volet du nouveau dispositif, qui prévoit que les malades paient une partie de leurs frais, nous attendons les décrets d’application qui fixeront le montant de cette participation. Nous allons suivre de très près l’évolution de la situation, en lien avec d’autres associations et avec les dispositifs publics d’accueil des malades comme les espaces précarité des hôpitaux. Au besoin, nous mettrons en oeuvre des mesures opérationnelles pour assurer la continuité des soins, comme par exemple de réactiver nos centres de consultations mis en veilleuses suite à l’entrée en vigueur de la couverture maladie universelle (CMU). Nous gardons espoir qu’une fois les premiers effets négatifs du nouveau dispositif enregistrés, la mobilisation des acteurs médico-sociaux permettent d’ouvrir de nouveau un dialogue constructif avec les pouvoirs publics.