Les présidents de sept associations – rassemblées dans leurs actions et leurs préoccupations pour un
meilleur « vivre ensemble » – ont rencontré vendredi 13 septembre le Président de la République afin de
lui faire part de leurs inquiétudes et de leurs attentes.
Alors que la situation économique et sociale fragilise une partie de la société française, ils ont dressé le constat
inquiet d’une augmentation des attitudes de rejet et de marginalisation qui se manifestent à l’égard des étrangers.
Face aux tentations populistes et aux risques de fractures à l’intérieur de notre société, nos associations ont fait
part au Président de la République de leur regret que la politique actuellement menée par le Gouvernement
manque d’une vision et d’affirmations claires des principes fondateurs d’une politique d’immigration favorisant
le « vivre ensemble » dans notre pays.
A l’égard des familles roms, ils ont exprimé leur incompréhension devant la distorsion existant entre la ligne
définie par la circulaire interministérielle d’août 2012 et sa mise en œuvre aléatoire et diverse d’une préfecture à
l’autre. Ils ont rappelé au Président de la République que la poursuite des évacuations de campements, parfois
violentes, sans solution d’accompagnement social réel et pérenne, n’est pas conforme à ses engagements. Ils ont
en particulier insisté sur l’importance de la scolarisation des enfants dès leur plus jeune âge.
Sur la situation des étrangers, nos associations ont rappelé qu’elles ne peuvent se satisfaire des quelques mesures
prises pour corriger les injustices les plus criantes, laissant dans la précarité et l’insécurité juridique un trop
grand nombre de personnes qui ont construit leur vie en France. La réforme législative en préparation semble, en
l’état, ne pas prendre suffisamment en compte la nécessité et l’urgence d’une transformation en profondeur de la
loi actuelle construite avant tout autour de considérations d’affichage sécuritaire et non d’accueil et d’insertion.
Sur le droit d’asile, la crise du dispositif d’hébergement, entraînant la multiplication des « remises à la rue » de
familles, atteint son paroxysme. Nos associations ont exprimé avec force au Président de la République que cette
situation, diagnostiquée depuis longtemps, ne devait en aucun cas amener à une remise en cause de « l’accueil
inconditionnel » mais conduire au contraire à une réaffirmation sans ambiguïté de la vocation sociale des
structures d’accueil, à leur réorganisation sur l’ensemble du territoire et au renforcement des moyens d’accueil et
d’accompagnement des personnes sur les territoires les plus tendus. La réforme globale du dispositif relatif au
droit d’asile qui est attendue doit viser une grande simplification des procédures et la restitution au seul
organisme compétent – l’OFPRA – de la compétence exclusive de l’examen des demandes d’asile. Le pouvoir
conséquent attribué au fil des années aux préfectures a montré son inefficacité et est en bonne partie la cause de
la désorganisation actuelle du dispositif de traitement des demandeurs d’asile et des réfugiés.
De ce constat, nos associations ont conclu avec deux demandes pressantes :
Dans la période difficile que traverse la société française, le Président de la République doit s’exprimer avec
force pour rappeler les valeurs cardinales de la République, celles de justice, de cohésion sociale, de respect de
l’autre et des cultures différentes. Cette parole attendue du Président encouragera celles et ceux qui agissent
quotidiennement dans les associations ou dans la société pour un meilleur vivre ensemble. Elle devra aussi poser
clairement des repères éthiques à la nation, et particulièrement aux élus, en référence à ces principes fondateurs
de la République qui ne peuvent tolérer des pratiques ou des discours discriminatoires.
Le Président de la République doit demander au Gouvernement de se montrer plus ambitieux quant aux
réformes et aux mesures en préparation, aussi bien sur leur contenu que sur leur tempo. Les messages ambigus et
le manque de vision d’ensemble de ces derniers mois, n’ont pas vraiment suscité « l’apaisement » mais plutôt
installé le doute et l’anxiété pour les personnes concernées et pour les citoyens conscients que la politique à
l’égard des étrangers est un « marqueur » de la santé démocratique de notre pays.
Au cours de l’entretien, le Président de la République a tenu à placer l’ensemble des problèmes soulevés dans le
devoir qu’a la France d’être à la hauteur du « pacte de dignité » qu’elle doit tenir à l’égard de la population
française, des étrangers quelque soit leur statut et de la communauté internationale.
Le Président a insisté sur le fait que la question des étrangers doit être traitée selon les règles du droit commun,
en particulier en ce qui concerne l’accès à la justice, au logement, à la santé, à l’école, et que l’ensemble de ces
sujets exige l’intervention effective de plusieurs ministères.
Le Président de la République a entendu la demande et l’attente d’une parole forte de sa part rappelant les
repères éthiques du « vivre ensemble », et d’actes significatifs de la part du Gouvernement.