Du côté des sans-papiers (8/8). Née en Algérie, Zoubida vit en France depuis huit ans. Sans-papiers, cette femme de ménage remplit pourtant les critères de régularisation en vigueur.
On a dit que travailler dans un « secteur en tension » niveau emploi était une condition favorable à l’obtention de papiers. On a dit aussi que savoir parler et écrire le français était obligatoire. Aimer le pays l’avoir dans la peau itou. Des atouts qui ne font finalement pas tout.
Square Desaix, à Paris XVe, Agence nationale des services à la personne. Zoubida tient la main de sa copine Fatima, elle l’entraîne, au moment d’investir avec le Neuvième collectif des sans-papiers le siège de l’institution qui regroupe les métiers de dépannage, comme le ménage, le jardinage ou la garde d’enfants. Un secteur appelé à devenir un des premiers employeurs en France mais qui, faute de main-d’œuvre, a du mal à dépasser le stade embryonnaire. Un secteur comme qui dirait en tension. Zoubida fait le ménage, « dans les beaux quartiers, chez des gens aisés ». Elle est algérienne et parle correctement le français. Mais Zoubida est sans papiers. Petit bout de femme d’un mètre soixante, mince, dynamique, les cheveux blonds virant au châtain clair, Zoubida, qui refusera de nous donner son nom de famille comme elle refusera la photographie qui pourrait l’identifier, est née en Algérie à Chlef. Une ville côtière à mi-chemin entre Alger et Oran, colonisée en 1843 par le général Bugeaud et rebaptisée Orléansville en référence aux ducs. « Chlef n’est pas développée, décrit-elle, ce n’est pas une région très moderne. Là-bas, les femmes n’ont pas vraiment de droits ».