La Charte du C.R.I.D.

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La Charte du C.R.I.D.

Adoptée par l’assemblée générale du CRID le 20 mars 1987.

UNE MEME CONCEPTION DU DEVELOPPEMENT
L’action pour le développement s’incarne dans des relations entre Etats et Collectivités mais aussi entre communautés, associations et individus. Investis par des forces sociales ayant elles-mêmes des intérêts liés aux enjeux internationaux, les Etats à eux seuls ne peuvent être les moteurs d’une action permettant de réduire les inégalités entre le Nord et le Sud et les antagonismes entre l’Est et l’Ouest. C’est au cœur des sociétés civiles qu’il convient de soutenir cette action et de l’amplifier.

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L’aide d’urgence constitue une des formes de la solidarité. Elle n’est cependant qu’un premier pas. Des campagnes ponctuelles fondées sur une charité éphémère d’un très grand nombre n’entraînent pas elles seules une dynamique durable. S’adressant à tous d’une manière indifférenciée, ces campagnes ne peuvent avoir les effets d’actions portées par le tissu social des communautés, des associations et des collectivités.
L’éducation pour le développement doit être une priorité pour améliorer les actions d’aide et permettre un véritable partenariat. L’aide ne peut se réduire à une entreprise entre les mains de spécialistes de la publicité.
La solidarité se renforce par la conscience d’appartenir à un même monde où les destins sont inéluctablement liés. La coopération, toutefois, suppose une confrontation, c’est-à-dire la reconnaissance et le respect mutuel des spécificités et des intérêts de chacun, fussent-ils divergents. Elle implique donc l’identification préalable de ce qui sépare et de ce qui lie les partenaires et s’exprime dans une relation contractuelle. Son objectif est d’instaurer de véritables relations de réciprocité.
La pratique de l’aide, de la solidarité et de la coopération commence à notre porte, et notamment vis-à-vis des populations immigrées. Leur présence est une opportunité d’ouverture vers une société où la pluralité des cultures et l’enrichissement qu’elle implique devrait l’emporter sur la peur et le racisme. Elle est aussi l’occasion de nouvelles formes de coopération vers leurs communautés d’origine.

LA-BAS
Le développement est un processus global d’amélioration des conditions de vie d’une communauté sur les plans économique, social, culturel ou politique.
Les initiatives locales qui augmentent la production de biens et de services sur les lieux même où ils sont consommés valorisent les ressources humaines, la force de travail et le savoir technique de ceux qui sont concernés. La création de réseaux de transformation, d’échange, d’épargne et de crédit constitue un élément déterminant d’un développement autonome.
Il est de la responsabilité des Etats de créer les conditions d’un tel développement et de garantir les fonctions vitales des sociétés, comme l’alimentation, la santé et l’éducation. Si nul pays ne peut se soustraire durablement au système des échanges économiques internationaux sous peine d’être isolé et distancé, la protection des pays les plus vulnérables reste cependant nécessaire notamment pour limiter les effets des fluctuations des échanges et des prix et en particulier pour favoriser l’émergence d’une agriculture et d’une industrie nationale ou régionale.
L’extension de la démocratie à chacun des niveaux d’organisation de la vie politique, économique et sociale, de la communauté locale jusqu’à l’Etat, constitue une condition primordiale du développement. Dans cette perspective la démocratie va de pair avec le respect du pluralisme des cultures et la reconnaissance de leur dynamisme comme facteur de progrès social et technique.
L’action des associations membre du CRID est un engagement en faveur de cette démocratie fondée sur le respect des droits de l’homme : droits de la personne, des communautés et des peuples.

DES PARTENAIRES LA-BAS
Il n’est pas possible de concevoir un processus de développement qui n’ait été l’objet d’une véritable approbation par la population concernée, les hommes comme les femmes. Ces dernières ont été trop longtemps laissées à l’écart leur apport en tant qu’agent de production, en tant qu’actrices du changement social et culturel n’ayant pas été suffisamment mesuré, ni pris en compte.
Les membres du CRID privilégient les contacts avec des partenaires offrant de sérieuses garanties de représentativité et de compétence. Et c’est dans la concertation que prennent corps les divers projets auxquels s’associent les organisations du CRID ; l’analyse conduite par les partenaires et leurs objectifs déterminent le cadre dans lequel s’instaure le dialogue sur les moyens à mettre en œuvre et se négocie la participation souhaitable.
Le soutien doit viser à mobiliser et à élargir les compétences et l’autonomie des populations concernées. Il peut revêtir de multiples formes : soutien financier, expédition de matériel et d’équipements, appui technique, envoi éventuel d’expatriés, formation, études et recherches techniques ou économiques, etc. Il consiste aussi à diffuser des informations importantes pour les partenaires, à favoriser des contacts Sud-Sud, et à mener des campagnes de solidarité quand un partenaire est menacé par une force d’oppression locale.
Pour la création d’emplois insérés dans un tissu économique, il importe d’aider à la promotion de personnes qui ont une volonté, des capacités professionnelles et, le plus souvent, ont déjà commencé à s’organiser dans le cadre du secteur informel. Des prêts ou des garanties financières contre les variations monétaires peuvent faire de ces personnes de véritables partenaires économiques et non plus des assistés.
Une concertation s’avère indispensable entre les ONG intervenantes du Nord et du pays d’accueil, y compris les groupements locaux. Elle permet d’améliorer l’efficacité du projet comme de renforcer le tissu associatif et le poids dont pourront peser ces groupements.
Le partenariat tend à une démarche contractuelle où les groupes sociaux défavorisés peuvent exprimer leur propre dynamisme et la maîtrise qu’ils acquièrent des processus de développement. Les associations de solidarité ne sont pas que des bailleurs de fonds. Elles stimulent échange, rencontre, réflexion commune, apport de technologies, amitié, solidarité. Elles sont pour beaucoup de groupes porteuses d’une parole de liberté dans une situation d’oppression.

DES TERRAINS D’ACTION
Les membres du CRID trouvent dans le monde associatif en France leurs premiers alliés, en particulier les autres organisations de développement, d’immigrés et d’éducation populaire.
L’exigence d’une certaine cohérence dans le soutien apporté à nos partenaires du Sud impose également qu’entre les ONG des pays du Nord la concertation permette la collaboration et évite la concurrence ; en particulier à l’échelle européenne, tant pour infléchir les politiques des Etats ou de la Communauté que pour agir ensemble en direction de l’opinion publique ou encore soutenir en commun des actions de terrain.
Le milieu scolaire (enseignants, élèves, parents) et plus largement les jeunes constituent également des terrains privilégiés pour l’éducation au développement. C’est, lorsque se forment les attitudes et le comportement que l’école et le milieu environnant doivent sensibiliser les enfants à l’unité et à la diversité du monde comme aux solidarités nécessaires.
Les milieux professionnels, les entreprises, avec leurs dirigeants, leurs cadres et techniciens, de même que l’ensemble des salariés, au travers de structures telles que les comités d’entreprises, sont un autre terrain où doit se mener un travail de sensibilisation. Les organisations professionnelles, patronales ou syndicales sont également des interlocuteurs à privilégier.
Les collectivités publiques, surtout celles qui sont organisées sur une base territoriale comme les communes, les départements et les régions, représentent un enjeu notamment parce que leurs pouvoirs ont sensiblement augmenté. En même temps s’est accru leur rôle et celui des élus dans le domaine économique, la coopération et les relations internationales en général. Elus et collectivités territoriales peuvent ainsi constituer de précieux relais en direction de l’opinion publique et des instruments de mobilisation de moyens humains et matériels.
L’Etat français est un acteur majeur dans le champ de la coopération internationale. Mais sa politique d’aide et de coopération trouve ses limites dans les relations de gouvernement à gouvernement. La Communauté européenne joue un rôle croissant en particulier au travers des conventions d’associations avec des pays du Tiers Monde, comme celles de Lomé. L’action des associations de développement, en même temps qu’elle concrétise l’effort de solidarité internationale de la société civile, peut conduite à remettre en cause des politiques ou à y trouver des points d’appui.

UN POLE ASSOCIATIF DE DEVELOPPEMENT
Historiquement, le CRID a été créé pour coordonner un effort d’innovation et d’information. Aujourd’hui, il a un rôle d’impulsion, de coordination, d’appui aux initiatives de ses membres. Il stimule l’évolution de leur réflexion et la formulation de propositions nouvelles, tant sur les grands problèmes de développement que sur les méthodes de collecte de fonds ou de communication avec les divers secteurs de l’opinion publique.
Il permet aussi une capitalisation des expériences de chacun et favorise la création de groupes de travail sur des thèmes où une action concertée entre plusieurs organisations membres du CRID s’avère utile. Cette concertation se développe en particulier dans le domaine de l’éducation au développement, de la formation et de l’information du public, de la coopération économique, de la coopération décentralisée, de l’immigration et du lien avec les équipes de recherches scientifiques et universitaires.
Au travers de la Commission Coopération Développement, les associations de solidarité internationale et de développement sont reconnues par l’Etat. Cette commission, où le CRID représente ses membres, est le lieu privilégié du dialogue avec les pouvoirs publics.
Le CRID joue le rôle de groupe de pression auprès des pouvoirs publics, des administrations et des élus dans l’intérêt de ses membres et de leurs partenaires, ainsi que pour promouvoir ses options en matière de développement.
En participant aux structures d’accompagnement de la vie associative (telles que le CNVA ou la FONDA), le CRID contribue à ce que la solidarité internationale et les questions de coopération pèsent de leur juste poids à l’intérieur de la société civile.
Les associations regroupées dans le CRID sont diverses, par leurs publics, leurs structures, leurs modes de fonctionnement, leurs compétences, leurs secteurs d’activité, leurs formes d’intervention auprès des décideurs.

Le CRID se compose actuellement :

d’organisations nationales avec un large réseau d’équipes locales qui collectent des fonds auprès du public, soutiennent financièrement l’action de leurs partenaires du Sud et poursuivent un travail de sensibilisation de l’opinion publique en France ;

de fédérations d’associations locales ou régionales avant tout engagées dans le domaine de l’éducation au développement ;

d’Instituts qui conduisent des actions de recherche ou de formation ;

de centres d’appui qui interviennent dans le cadre d’un secteur géographique donné, d’une compétence technique précise ou d’un domaine particulier ;

de groupes rattachés à des milieux professionnels spécifiques ou à des organisations socio-professionnelles.
En permettant aux voix multiples des populations du Tiers-Monde de se faire entendre dans le contexte français et européen, les organisations du CRID amplifient l’effort de ces populations pour accéder à la dignité et à la justice.

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