Faute de structure patronale nationale représentative, l’économie sociale est absente des grandes consultations nationales et des instances de négociation collective interprofessionnellle. Elle est présente bien sûr dans un certain nombre de branches professionnelles, mais cela ne suffit pas. Aujourd’hui, en France comme au niveau européen, la négociation inter-professionnelle devient une phase préparatoire de la Loi, ainsi qu’on vient de le voir avec la Loi sur la formation professionnelle du 4 mai 2004 . Elle est aussi l’étage de gestion de la formation professionnelle. Etre absent de la table à ces moments-là ne favorise pas nos entreprises ni la démocratie sociale.
Les dirigeants de l’économie sociale ont donc compris qu’une structuration nationale était incontournable, et un débat approfondi s’est installé au CEGES, qui a modifié ses statuts pour devenir le Conseil des Entreprises, des Groupements et des Employeurs de l’Économie Sociale. Mais les regroupements de structures ou de syndicats d’employeurs préexistant au niveau de branches ou de secteurs d’activité ont traîné les pieds pour s’associer à ce mouvement fédérateur. Des familles comme la Mutualité, les SCOP, les assureurs et les banquiers mutualistes et coopératifs ont adhéré à la démarche. Des groupements syndicaux comme l’USGERES aussi. D’autres refusent encore...
La solution sera donc de créer une structure ad hoc, à partir du 3° collège du CEGES, pour devenir l’organisation patronale interprofessionnelle de l’économie sociale. Cette organisation devra aller au-delà de l’USGERES , qui, en regroupant plus de 10 branches professionnelles, est l’organisation interprofessionnelle d’employeurs de l’Économie sociale la plus large.
La perspective de cette restructuration, c’est de donner une place "patronale" à l’économie sociale dans le dialogue social au même titre que le MEDEF, la CGPME ou l’UPA, notamment dans la gestion des organismes paritaires ou dans les instances de concertation de l’État en charge du travail, de l’emploi et de la formation. Les enjeux ne sont pas neutres. Mais il en est encore de plus concrets...
Des enjeux immédiats : La gestion de la formation professionnelle et, tout particulièrement son financement, relèvent de ce niveau de dialogue social. Pourquoi ne pas favoriser un rapprochement des opérateurs du champ de l’économie sociale. A suivre...
D’autre part, la décentralisation des compétences "économique" et "formation" au niveau des collectivités régionales, appelle une représentation cohérente des employeurs de l’économie sociale régionale à ce niveau aussi.
Il serait utile de prendre pour modèle l’organisation constituée au plan national avec le CEGES et de le décliner sur le plan régional.
Les CRES ont donc vocation à inviter leurs adhérents, ainsi que les syndicats d’employeurs qui ne le sont pas encore, à se grouper en leur sein pour défendre ce mouvement unitaire de représentation patronale.
C’’est le débat de cette fin d’année, en Poitou-Charentes au moins...