Les équipes de Solidarités International en Birmanie témoignent d’une situation particulièrement inquiétante dans l’Etat du Rakhine, où elles fournissent une aide vitale à plusieurs dizaines de milliers de personnes déplacées issue de la communauté musulmane Rohingya, considérée comme une des minorités les plus opprimées du monde.
Le 9 octobre, dans la région Nord de cet Etat à la frontière avec le Bangladesh et dont l’accès est fortement restreint par les autorités, des attaques simultanées ont eu lieu sur trois postes de gardes-frontières, provoquant la mort de neuf d’entre eux, issus de la communauté bouddhiste.
‘’Alors que les enquêtes sont en cours pour déterminer l’exacte nature des assaillants, la peur s’est emparée à nouveau des populations locales, traumatisées par les violences interreligieuses qui ont éclaté en 2012, conduisant aux déplacements de quelque 150 000 personnes, musulmanes pour la plupart, indique Christophe Vavasseur, responsable de nos opérations en Asie.’’
Des zones interdites d’accès aux humanitaires
Réfugiés depuis dans des camps conçus à la hâte sur des terrains particulièrement insalubres, ils voient leur situation perdurer encore aujourd’hui en 2016, dans ce qu’il est convenu d’appeler des ‘’prisons à ciel ouvert’’ en raison des fortes limitations de liberté de mouvement qui leur sont imposées. L’accès aux services de bases est toujours demeuré très précaire, en raison des conditions souvent extrêmement difficiles pour les acteurs humanitaires d’exercer leurs activités.
Même si certaines interdictions d’accéder aux camps ont été levées ce jour, les travailleurs humanitaires internationaux ne sont toujours pas autorisés à se rendre dans certaines zones d’intervention. Craignant pour leur propre sécurité, le personnel national de nos équipes, issu des deux communautés, ainsi que la plupart des fournisseurs habituels, hésitent légitimement à se rendre dans les camps. L’aide humanitaire est donc actuellement soit interrompue, soit fortement ralentie.
La crainte de nouveaux actes de violence
Les évènements de ces derniers jours font craindre une résurgence de nouveaux actes de violence généralisée. Le manque d’information officielle et la liberté de ton prise dans les réseaux sociaux alimentent les rumeurs et l’imagination.
‘’Ceci rappelle à quel point cette crise chronique demeure aigue. Ses causes sont fortement enracinées et il était certainement illusoire de croire que les conditions de vie indignes imposées à une si large frange de la population depuis tant d’années pourraient être occultées par quelques signes positifs plus récemment aperçus.’’
Solidarités International demande à ce que tout soit entrepris pour que de nouvelles exactions soient évitées et que les violences latentes prennent fin.