Le 14 avril dernier, un « Dialogue de la Recma » a eu lieu pour la première fois en webinaire. L’historienne Charlotte Siney-Lange présentait son article « La prise en compte des besoins des femmes dans le cadre mutualiste (XIX e -XX e siècles) », paru en janvier 2020 dans le n° 355 de la Recma. En préambule, elle a rappelé que la justice sociale était au cœur du projet mutualiste, qui vise à rendre accessibles à tous des soins de qualité. L’implication des mutuelles dans des combats sociétaux pour les droits des catégories vulnérables est moins connue ; cependant, les femmes ont dû attendre que la mutualité se dégage d’un certain conformisme misogyne pour pouvoir en bénéficier. Le soutien accordé par l’État aux mutuelles maternelles à la fin du XIX e siècle pour lutter contre la mortalité infantile est essentiellement motivé par l’obsession démographique de la Troisième République. Après la Seconde Guerre mondiale, enfin, une partie du mouvement mutualiste, plutôt proche du syndicalisme, s’engage franchement en faveur d’une émancipation des femmes. Trois étapes scandent cette évolution : l’adoption de la pratique de l’accouchement sans douleur à la polyclinique des Bluets par la Mutuelle familiale des travailleurs de la région parisienne (ex-« Mutuelle des métallos »), le combat de la MGEN pour l’accès des femmes à la contraception et celui de la Mnef pour le droit à l’avortement.
Une quarantaine de personnes ont assisté à cette présentation « en distanciel », dont les militantes du réseau Mut’elles, particulièrement actives dans le débat. Elles n’ont pas manqué de souligner que, nonobstant les efforts continus dans la prise en compte des besoins des femmes, l’administration des organismes mutualistes reste très majoritairement masculine.