Le Collectif des Associations Citoyennes (CAC) avait salué les premières déclarations du gouvernement et celles du Président de la République pendant sa campagne. Nous avons été reçus cet été par le nouveau gouvernement qui a écouté nos propositions pour une nouvelle politique associative. Nous continuons de saluer le changement de ton et la volonté de concertation affichée par le gouvernement.
Cependant, nous constatons aujourd’hui que les décisions prises durant l’été ferment la plupart des portes que les déclarations d’intention avaient ouvertes :
La RGPP non seulement continue mais s’aggrave et prive les associations d’interlocuteurs crédibles.
La réforme des collectivités va faire l’objet d’un projet de loi dès le mois de décembre, après une concertation qui se limite aux associations d’élus, sans perspectives pour l’avenir des territoires.
Le nouveau plan de rigueur mis en place, pire que le précédent, ne peut déboucher que sur un échec, car la baisse des activités qui en résultera ne peut qu’accroître les déficits publics, et condamne les associations à licencier massivement, ce qui aggrave la récession.
Les positions européennes ne remettent nullement en cause à la logique néolibérale des politiques européennes. Contrairement aux engagements pris, le traité budgétaire va être signé en l’état, ce qui signifie la prolongation indéterminée du recul de l’action publique et des actions associatives.
Ainsi le nouveau gouvernement semble s’inscrire dans la continuité d’une politique dont nous pensions qu’il allait nous affranchir. Les nombreuses associations citoyennes savent que la société qu’ils connaissent n’y résistera pas très longtemps. Ils savent qu’au-delà de la survie associative, il s’agit de la survie d’une certaine manière de faire société : choisir la solidarité et non la compétition !
Mais un nouvel élan associatif est également en train d’émerger. Face aux difficultés, de nouveaux projets associatifs apparaissent, des associations entendent agir par elles-mêmes pour le respect des droits fondamentaux et l’émergence d’une société humaine, l’éducation populaire apparaît de plus comme un enjeu du renouvellement de la démocratie, au cœur d’une demande profonde de transformation de la politique. Ce Printemps des Associations Citoyennes est source d’espoir et de perspectives pour une société plus humaine. Mais il reste fragile et doit être renforcé. Pour cela :
Les associations citoyennes doivent agir par elles-mêmes, construire des synergies, mutualiser, se regrouper pour échanger leurs idées, leurs pratiques, de manière à construire à travers leurs actions et leur démocratie interne une réelle alternative solidaire, écologiquement responsable et participative. Sans les associations, on ne pourra ni engager la transition écologique, ni renouveler la citoyenneté, ni faire société.
Il faut une autre politique associative. Le gouvernement et les collectivités doivent rompre avec la marchandisation des associations, symbolisée par la circulaire Fillon, mais véhiculée par la multiplication des appels d’offres et le recul du dialogue. Ils doivent encourager la diversité associative comme un trésor national, reconnaître les initiatives citoyennes comme des graines d’avenir au service de l’intérêt général et financer les projets associatifs comme des priorités éducatives. Aujourd’hui le compte n’y est pas.
C’est pourquoi nous appelons les associations citoyennes à se mobiliser pour s’entraider et agir localement, et à se joindre aux manifestations organisées le 30 septembre dans toute la France contre la politique d’austérité.
Dans la durée, notre avenir dépend de notre capacité à nous mobiliser et à agir ensemble, pour que le printemps des associations citoyennes s’épanouisse et rejoigne un printemps de la société toute entière.