Et maintenant, quels changements ?

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Et maintenant, quels changements ?

Le 10 mai 1981, ils ont fêté une victoire. Le 6 mai 2012, nous avons surtout fêté un départ. Dans nos stages sur les histoires de vie, celles et ceux qui ont vécu le 10 mai 1981 nous racontent souvent comment les contre-pouvoirs se sont laissés endormir. Comment ne pas reproduire ce que nous reprochons aux années Mitterrand ? Comment l’éducation populaire peut-elle faire mieux que donner des coups de ventre dans les genoux du capitalisme ?

L’éducation populaire doit permettre l’émancipation face au pouvoir, à la communication et à la neutralité – ne serait-ce pas le tryptique de notre nouveau gouvernement ? Alors face au pouvoir, nous assumons un rôle de contre-pouvoir. Face à la neutralité, un travail de propagande et face à la communication, un devoir de prosélytisme. Nous ne laisserons pas le parti socialiste tranquille, et tant pis si ça lui fait le plus grand bien.
Du contre-pouvoir

Pour que bénévoles et professionnels de l’éducation populaire puissent jouer leur rôle de contre-pouvoir, nous pensons qu’il faut des lieux pour se ressourcer, partager ses doutes, échanger ses pratiques. Alors nous proposons des stages courts - 25h sur 4 jours - et des cycles longs - 3 ou 4 regroupements de 4 jours sur quelques mois - pour se former à des outils, renforcer une posture, définir des stratégies, plus efficaces, plus joyeuses, plus offensives.

Juillet 2012 :

- Des gens imaginent que le mouvement social ne fait pas assez de pétitions. Il est temps d’élargir son répertoire d’actions.
- Des associations organisent leurs assemblées générales comme des messes. Elles doivent s’interroger : comment susciter la participation ?

Septembre 2012 :

- Tous les projets ont été faits avec le même groupe de six bénévoles, il est temps de partir en enquêteauprès des gens du coin.
- Comment oser parler aux voisins, aux habitants ? Nous avons des techniques de débat public.

De septembre à décembre 2012 :

- Certains croient encore au développement durable, mais comment faut-il leur dire ?
- Vous avez un proche qui a un message à délivrer au monde mais vous le répète en boucle en attendant ? Il peut devenir conférencier-gesticulant.
- Elle est où la transformation sociale ? Nous aussi, on la cherche.

Il est encore temps de renvoyer les programmes et devis à votre employeur (en ligne sur les mêmes pages de notre site), mais il ne faut pas traîner... Si vous êtes allergiques ou handicapés de l’administratif, cliquez .

De la propagande

Nous ne pouvons plus compter les associations et mouvements d’éducation populaire dans lesquels nous avons testé le débat mouvant suivant : "L’association trucmuche est anticapitaliste. Si vous êtes pour, mettez-vous de ce côté, et sinon de l’autre". En voici la conclusion : "Oui, nous sommes anticapitalistes mais nous ne pouvons et ne devons pas le dire : nous nous adressons au grand public, qui est divers, et n’avons pas à prendre parti mais à permettre l’esprit critique".

Si cette association le faisait, elle organiserait des débats politiques pour que se confrontent différentes opinions. Nous sommes passés de la pluralité des opinions à plus d’opinions du tout. Du pluralisme à la neutralité. Organiser un débat sur un sujet politique, c’est souvent déjà bien trop partisan. « La neutralité ? C’est ce qui nous conduit directement dans les couloirs du MEDEF » a répondu Pierre Bourdieu à un journaliste qui lui posait la question.

Nous créons des outils de propagande : les conférences gesticulées. Nous formons à cet outil, nous diffusons les productions sur notre site, (tout refait depuis le 21 mai), nous espérons créer un mouvement d’un type nouveau. Voici un extrait de ce qu’en dit une gesticulante sur son blog, on a repris son billetsur notre site :

"Cet outil nous permet de nous rendre compte qu’on n’est pas seul. Cet outil nous permet de nous rendre compte qu’on a le droit. Cet outil nous permet de nous rendre compte qu’on est nombreux. Cet outil nous permet de nous rassembler. Cet outil va nous permettre de nous mettre en marche."

Voici les deux dernières nées, bientôt en vidéo sur notre site, mais déjà en live ici et là :
- Bourdieu ni maître, de Joackim
- le Clito, un petit nom qui en dit long, conférence gesticulée collective créée par l’association Questions d’égalité dont Annaïg et Alexia sont maintenant membres.

Du prosélytisme

A ne plus prendre parti pour une organisation ou une structure, parce qu’on n’est pas d’accord sur toute la ligne, nous leur avons enlevé toute capacité d’action et de nuisance. Pour qu’une presse indépendante existe, même si des choses nous énervent, il faut la soutenir, la défendre, la faire connaître. Et bien sûr aussi la contester, la critiquer, bref, la faire vivre plutôt que la laisser mourir.

Dans notre monde standardisé, ce raisonnement est valable pour toutes tentatives d’émancipation, dans quelques domaines que ce soit. Il n’est pas simple de prendre parti à contre-courant des idées dominantes. Il faut du temps pour rendre audible une position marginale, et il faut que cette longueur nécessaire ne fasse pas fuir l’auditoire.

Le Pavé sort régulièrement des supports papiers et vidéos, qui se veulent pertinents et impertinents. Des outils, des trouvailles pour défendre son point de vue, pour aider à le propager. En format papier, le premier numéro de nos Cahiers du Pavé sort à l’automne, consacré à ce qu’on pense de la méthodologie de projet. Pour bientôt en DVD :
- Exploiter mieux pour gagner plus (qui est sorti il y a 4 mois),
- Le plein d’énergie, (en juin),
- Travailler moins pour gagner plus, (en juillet)
- La cure de désintoxication de la langue de bois (pour la fin d’année), documentaire issu de nos ateliers de désintoxication à la langue de bois.

Nous changeons de monde. Sarkozy est parti, l’extrême-gauche est à 30% en Grèce et le FN à 20% chez nous. Il ne faut pas les décevoir.

A nous de jouer, et on vous compte dedans.

Le Pavé

Source : En savoir plus...

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