Les technologies numériques offrent de telles possibilités que l’on finirait par se prendre parfois pour le capitaine des Shadocks qui demande à ses marins de prendre l’eau à l’arrière du bateau pour la mettre devant.
Certains peuvent croire que le numérique permet l’avènement d’un capitalisme sans friction, où la main invisible d’Adam Smith est contrôlée par des algorithmes du big data. D’autres, qu’il annonce la fin du capitalisme et l’avènement du socialisme. Dans bien des cas, cela revient à voir la fin de tout débat sur des projets de société en se contentant d’un consensus sur les moyens techniques. Abordé dans cette vision idéologique positiviste, limite scientiste du futur, le design peut être pris par la folie des grandeurs et être le support esthétique d’une vision totalisante de la société où le libre arbitre de l’individu n’a pas sa place, en mettant en œuvre ce que le PDG de Sun Microsystem, Scott McNealy, disait déjà en 1999 : « you have zero privacy anyway. Get over it » (« vous n’avez plus de vie privée, il faut tourner la page »).