300 habitants environ ont été expulsés du « Samaritain », plus vieux bidonville de France, à la suite de la procédure engagée par la ville de La Courneuve. Ces personnes, qui vivaient là depuis 7ans, se retrouvent aujourd’hui à la rue, faute de solutions suffisantes et satisfaisantes.
Dès septembre 2014, Médecins du Monde et la Fondation Abbé Pierre ont proposé de co--construire un projet de résorption du bidonville avec l’ensemble des acteurs concernés : les représentants de l’Etat, la Mairie de la Courneuve, la société civile et les habitants du Samaritain. Nous ne rentrerons pas ici dans le débat des responsabilités qui ont empêché la mise en œuvre de ce projet, parce que cela ne changera pas la situation des personnes expulsées. Car c’est bien d’elles que nous nous soucions, comme de toutes celles qui vivent dans des conditions indignes, à la rue comme ailleurs.
Cette expulsion reflète à nouveau l’incohérence politique qui ne fait que déplacer le problème sans chercher de solutions de fond. Six mois de délai avaient été accordés par décision de justice pour travailler ensemble à une sortie digne, sans être mis à profit. Des dispositifs publics auraient pu être mobilisés, comme la mission de résorption des bidonvilles, confiée à Adoma en 2014 par l’Etat ou la plateforme régionale AIOS nouvellement créée.
Chaque expulsion est le signe d’un échec des politiques publiques : les personnes se retrouvent éloignées de leur lieu de vie, de leur travail, des structures de santé où elles étaient soignées et des écoles dans lesquelles leurs enfants étaient scolarisés. Quelles solutions s’offrent finalement à elles aujourd’hui, sinon de trouver un autre abri de fortune ?
Cette réponse est la moins adaptée et pourtant la plus utilisée par les pouvoirs publics aujourd’hui en France : sans rien résoudre, elle génère des coûts psychologiques, humains et financiers considérables. Mettre quelqu’un à la rue n’a jamais été une façon de l’aider !
Médecins du Monde et la Fondation Abbé Pierre demandent :
le respect des droits fondamentaux des personnes vivant en bidonvilles et la fin des expulsions sans alternative de relogement, adaptée et pérenne, et sans accompagnement social conformément aux dispositions fixées par la circulaire du 26 aout 2012.
l’organisation d’une conférence régionale sur les bidonvilles pour élaborer des propositions allant dans le sens d’une politique de résorption des bidonvilles conformément aux engagements pris par le gouvernement en 2014. Cela permettrait de sortir d’une lecture ethnique simplificatrice, conduisant à une logique d’expulsions systématiques.