L’économie sociale et solidaire (ESS) réunit 10% des salariés français dans des structures où l’humain prime sur le profit. Un modèle qui peut se généraliser ?
Et si, face à la crise et aux dérives du capitalisme financier, la porte de sortie était à chercher du côté de l’économie sociale et solidaire (ESS) ? A l’heure où les finances publiques sont asséchées et où des vols de « Pigeons » obscurcissent les cieux politiques, celle-ci fait entendre une musique différente. Objectif lucratif limité, finalité sociale, ancrage territorial et gouvernance démocratique composent la partition. Avec un thème récurrent : l’entraide, la coopération et la solidarité économique. « Il ne s’agit pas seulement de valeurs, cela peut aussi être des modèles de développement », résume Claude Alphandéry, « parrain » historique de l’ESS. Mine de rien, cette économie « alternative » représente déjà 10% de l’emploi salarié (plus de 2,2 millions de personnes !) et 8% du PIB. Elle a créé plus d’emplois en dix ans que le secteur traditionnel et a crû trois fois plus vite.
Utopies. Pas mal pour celle qui apparaissait encore il y a peu comme un grand machin hétéroclite, fait de mutuelles et de banques aux milliers de salariés, de petites associations animées par des bénévoles et de coopératives ouvrières héritées des utopies seventies. Au mieux, on lui concédait un rôle réparateur, mais dépendant des subsides publics, à travers les entreprises d’insertion et les associations d’aide sociale. Au pire, on la considérait comme un truc de bobo-baba cool, en dehors de la « vraie » économie. Y compris à Bercy, où la création, en mai, d’un ministère ad hoc a été prise de haut. « Ignorance, scepticisme et un brin de condescendance », confie-t-on aujourd’hui dans l’entourage de Benoît Hamon, ministre délégué à l’Economie sociale et solidaire. Ce dernier défend bec et ongles les vertus du modèle : « L’ESS s’est montrée plus robuste parce qu’elle repose sur du long terme. C’est l’association de la tempérance et de la performance. » Et multiplie les visites sur le terrain.