Sous les gouvernements actuel et précédents, les associations et mouvements progressistes on subi des contraintes multiples : limitations du droit de manifester, violences d’État, contrat d’engagement républicain, procès contre des militantes et militants,diminution ou suppression du financement des organisations de la société civile, etc. Nous assistons à la poursuite du glissement vers l’extrême-droite et vers l’autoritarisme, en France et dans le monde. Ainsi, nous pouvons nous attendre à l’intensification des multiples attaques contre la démocratie, les droits et les libertés : individuels, collectifs, syndicaux, associatifs.
Dans le passé récent, les attaques de l’État ont visé principalement les écologistes pratiquant la désobéissance civile, les grévistes, les organisations de la défense des droits, ainsi que les minorités et les organisations de solidarité. Sciences Citoyennes n’est pour le moment pas présente dans ces mouvements ou seulement de façon marginale et par certains de ses membres.
Or, l’autoritarisme n’est pas seulement un positionnement politique : dans ses mises en oeuvre, il repose sur un vaste ensemble de méthodes et d’outils de surveillance, de contrôle, de répression et de manipulation. Ceux-ci peuvent être de nature technologique, comme par exemple la reconnaissance faciale, le suivi d’individus, diverses analyses de données, ou les drones. D’autres peuvent être de nature psychologique ou sociale, comme les stratégies du choc, la fabrique du doute, l’invisibilisation médiatique, ou la diffusion de fausses informations.
Une bonne partie de ces méthodes et outils sont plus ou moins directement issus de recherches scientifiques, ou en font un usage intensif. A vrai dire, ils sont même la principale motivation applicative de nombreuses recherches, comme on peut le constater dans les appels à projets, les profils de postes publiés, les objectifs des instituts de recherche, ou tout simplement en lisant les introductions des publications scientifiques.
On peut donc considérer que la recherche est fortement mobilisée, plus ou moins directement et à des degrés divers, par les acteurs qui poussent notre société vers l’autoritarisme. Par ailleurs, face à la multiplicité de ces modalités de restriction des libertés et des acteurs et actrices qui portent cette vision délétère, nous préférons parler d’autoritarismes au pluriel.
Jusqu’à maintenant, nos actions sur la démocratie, les droits et les libertés ont été en majeure partie limitées à la signature de tribunes collectives et la plupart du temps en dehors des champs scientifique et technique.
Dans le contexte actuel, nous nous interrogeons sur le rôle de notre association et sur celui de la recherche que nous souhaitons démocratiser. Il est peut-être temps, et avant qu’il ne soit trop tard, d’ajouter à nos actions visant à démocratiser la recherche celles consistant à mobiliser la recherche afin qu’elle outille la démocratie.
Nous vous proposons une première table-ronde le 14 mars de 18h30 à 20h30, au cours de laquelle nous demanderons à des spécialistes de ces questions de nous aider à trouver des éléments de réponse aux trois questions suivantes :
Quelles sont les responsabilités spécifiques de la recherche face à la montée des autoritarismes ?
Comment réagit le monde de la recherche face à ces responsabilités ?
Au niveau de la recherche, quelles pistes d’action et quels partenariats seraient pertinents ?
Interviendrons lors de cette table-ronde :
Alain Lipietz, économiste et conseiller territorial EELV
Jean-Baptiste Jobard, Collectif des Associations Citoyennes et Observatoire des libertés associatives
Ksenia Ermoshina, Chargée de recherche CNRS
Une ou un membre de la LDH à préciser