L’Economie Sociale et Solidaire se réaffirme aujourd’hui comme un garde-fou vis-à-vis des logiques spéculatives qui sévissent sur les Etats, les
entreprises, les individus. Ses principes fondateurs (patrimoine collectif, gouvernance démocratique, ancrage territorial) vont dans le sens des
attentions nouvelles portées aux enjeux de développement durable (ISO 26000) et d’économie responsable (RSE). Les organisations relevant de
l’ESS sont donc invitées par les pouvoirs publics à se structurer, à « grossir » et à changer d’échelle pour peser beaucoup plus significativement
dans le paysage économique. D’un côté, il s’agirait de répondre aux déficits d’emplois qui pèsent sur la cohésion sociale. De l’autre, leur croissance
permettrait de réduire leurs coûts d’organisation. Mais ces considérations font peu cas des enjeux de transmission qui accompagnent le
développement de ces formes d’entrepreneuriat collectif.

Dans la pratique, ces entreprises associent des postures différentes (bénévoles, professionnelles, partenariales), intrinsèquement conflictuelles
dans la mesure où elles ne répondent pas aux mêmes codes, rythmes, enjeux, etc... La constitution d’un patrimoine commun, protégé de la
spéculation ne se résume donc pas à une disposition statutaire garantissant une « lucrativité limitée ». Il est le pendant d’une culture collective qu’il est nécessaire d’entretenir, de faire vivre et de faire évoluer. Comment partager et transmettre cette culture en continu dans des organisations appelées à évoluer et à grandir ?