Le terme de "République coopérative" a été lancé par Charles Gide, pour indiquer que le mouvement coopératif avait vocation à changer la société, au moyen d’un fer de lance : les coopératives de consommation. Celles-ci ont aujourd’hui disparu du paysage, au moins en France. Mais Jean-François Draperi ne se résigne pas à enterrer l’utopique ambition. Les mirages mettent en route les caravanes, écrit-il, reprenant une image d’Henri Desroche.
Le mouvement coopératif est un projet de société, articulant "mouvement social et mouvement économique". Il a vocation, s’il ne veut pas perdre son âme, à être "une alternative à l’économie capitaliste" (pas à l’économie de marché, insiste-t-il). Il montre donc comment, depuis deux siècles, s’est bâti le mouvement coopératif visant, dans une démarche empirique, avec des hauts et des bas, à construire une société plus juste sur d’autres bases que la lutte politique : "Les coopérateurs ne luttent pas essentiellement pour des jours meilleurs à venir (…), ils vivent au quotidien le changement auquel ils aspirent."
Il n’hésite pas à qualifier les coopératives agricoles - du moins les plus importantes d’entre elles - de "capitalisme coopératif" (il aurait pu en dire autant des coopératives de commerçants - Système U, Leclerc - ou de la plupart des banques coopératives). Le juste prix, l’économie de proximité, les réseaux intercoopératifs, voilà, selon lui, les points essentiels d’une doctrine rénovée. Un livre qui ne se réduit donc pas à une remarquable histoire de la pensée et du mouvement coopératif, mais qui lance un débat essentiel, dont on espère qu’il s’engagera pour de bon.
Collection : Droit et économie sociale et solidaire
Editions : Darcier
Nb pages : 328 p.
Année de parution : 2012