Nous sommes en 1910. Jusqu’ici, la Troisième République, dans sa difficile construction, a voulu créer du consensus en affichant son respect de la propriété. Le social s’est développé hors de la sphère législative, avec les sociétés de secours, les coopératives et les sociétés d’assurances mutuelles : celles-ci comptent alors trois fois plus de membres que le syndicat CGT qui, à l’époque, s’interdit d’ailleurs d’entrer dans le jeu politique.
Cependant, la conjoncture évolue depuis quelques années. La vigueur des mouvements ouvriers, souvent réprimés avec la dernière rigueur par l’armée, questionne la nouvelle génération aux commandes. Les catholiques sociaux s’inquiètent du travail des femmes, du travail du dimanche. Le radical Léon Bourgeois préconise un nouveau contrat social qu’il appelle le solidarisme. Jaurès invente un socialisme à la française qui ne néglige pas les réformes possibles tout de suite au nom d’une hypothétique révolution à venir.