Le 1er avril au matin reprendra le drame des expulsions locatives. Mais qui s’en soucie ? Depuis plusieurs années, la Fondation Abbé Pierre dénonce sans relâche l’augmentation alarmante des procédures d’expulsion. Les chiffres nationaux sont effrayants : près de 162 000 assignations et 126 000 décisions de justice prononçant l’expulsion en 2013, 12 760 expulsions par la force publique en 2011 (le ministère de l’Intérieur ne diffuse plus de résultats fiables depuis), et sans doute des dizaines de milliers de familles qui anticipent leur expulsion en partant d’elles-mêmes chaque année. Sur le terrain, même si certains départements ont réussi à limiter le nombre de procédures entre 2012 et 2013, de nombreux autres affichent une tendance alarmante, avec des hausses allant de +9 à +24% dans le Var, la Seine-Saint-Denis, l’Isère, le Finistère ou le Pas-de-Calais.
Face à ces scandales quotidiens, que fait la puissance publique ? Comme le démontre un récent rapport d’évaluation, la politique nationale de prévention des expulsions reste globalement lacunaire et incohérente. Les préfets ne jouent pas toujours leur rôle, la dynamique locale est inégale, et les moyens très insuffisants.