L’Afrique subsaharienne sera prochainement à l’honneur dans la Recma, revue internationale de l’économie sociale fondée en 1921 par Charles Gide. Au cours des dernières années, la Recma n’a fait écho aux dynamiques de l’économie sociale et solidaire (ESS) au sud du Sahara qu’à de rares occasions : brèves, temps forts ou notes de lecture et quelques articles sur les organisations professionnelles agricoles, le droit coopératif Ohada, les mutuelles de santé ou la formation à l’ESS. Il est temps, pour la revue presque centenaire, d’ouvrir plus largement ses pages aux expériences africaines.
En effet, parfois discréditée auprès des populations en raison de son instrumentalisation par de nombreux États après les indépendances, l’ESS puise dans des valeurs souvent réaffirmées en Afrique : partage, confiance, économie symbolique. Beaucoup de ces valeurs sont entretenues par des formes variées d’organisations informelles dans la vie sociale ou l’économie (tontines, kilé en Guinée, fada au Niger, fonkonolona à Madagascar, etc.). Nombre de structures de l’économie sociale contribuent à pallier la défaillance des États en matière de protection sociale. Si les organisations syndicales sont actives sur ce terrain (telle la Centrale nationale des travailleurs du Sénégal), l’économie sociale est aussi insérée dans des réseaux confessionnels dans plusieurs régions d’Afrique.