Le 6 août à 22h25 Arte a diffusé un reportage « Le business du commerce équitable ». Chez
Max Havelaar France, ainsi que chez Fairtrade International, nous sommes toujours ouverts
aux critiques et avons regardé l’émission avec attention.
Nous constatons que les questions traitées par le journaliste ne sont pas nouvelles pour
nous et nous y travaillons comme vous pouvez le lire dans le document « Changer d’échelle
en toute intégrité ». Les points critiqués, comme l’organisation des petits producteurs et des
plantations dans les pays en voie de développement, soulèvent des problématiques à
causes et à dimensions multiples qui ne sont pas uniquement dépendantes du système Fairtrade / Max Havelaar.
Néanmoins, nous prenons nos responsabilités. Concernant la situation des travailleurs en
service pendant la période de récolte, il s’agît d’un point clé dans l’amélioration actuelle de
nos standards.
Par contre, nous constatons, avec regret, que le reportage ne s’attarde pas sur les points
positifs et les impacts pour les producteurs et les travailleurs que l’on aperçoit dans le
reportage. Celui-ci ne nous montre pas non plus le contexte et la différence entre le
commerce équitable et le commerce conventionnel, non-Fairtrade. Or cette comparaison est
essentielle pour expliquer au grand public l’impact réel du commerce équitable. Comme
nous l’affirmons depuis toujours, notre approche est ambitieuse et en progrès continu. Nous
nous améliorons en permanence et, globalement, nous arrivons (en nous basant sur des
études indépendantes) à d’autres conclusions que celles du reportage.
Afin d’éclaircir les points principaux du reportage, Fairtrade International travaille sur une
analyse claire et réelle de notre action, que nous communiquerons au public français et
allemand. D’ores et déjà nous tenons à vous apporter un complément d’informations sur les
sujets suivants :
Les grandes surfaces et les marges
La décision de travailler avec des grandes surfaces a été mûrement réfléchie et date des
années 1990. C’est seulement ainsi que nous pouvons réellement peser sur le marché
international et améliorer les conditions de vie d’un nombre toujours plus significatif de
producteurs et de travailleurs. C’est comme cela que la consommation de produits issus du
commerce équitable a progressé en France et partout en Europe.
Cependant, Fairtrade / Max Havelaar ne peut pas réglementer juridiquement le prix final
pour les consommateurs.
Par expérience, nous avons vu de nombreuses entreprises absorber les coûts de la
certification Fairtrade sans en répercuter le prix pour leurs consommateurs. Ce sont des
exemples bien connus comme Ben & Jerry’s, Coop (Suisse) et les supermarchés Sainsbury
(Grande Bretagne) parmi d’autres.
Transparence et Fairtrade / Max Havelaar
Les images montrées dans le reportage contrastent fortement avec notre priorité de
transparence et d’ouverture aux avis et aux critiques extérieures. Pendant plus d’un an,
pendant que le reportage se préparait, Fairtrade International, FLO-Cert et Max Havelaar
France, notamment, ont été en contact régulier avec le journaliste. Nous avons toujours
répondu à toutes ses questions par écrit, souvent de façon très détaillée, ce qui lui a
d’ailleurs permis de bien comprendre le fonctionnement du système. Fairtrade International
a choisi de ne pas donner d’interview filmée par manque d’informations concrètes sur le
contenu et l’objectif du reportage de la part du journaliste.
Le cahier des charges pour les organisations de petits producteurs
Le cahier des charges pour les organisations de petits producteurs a des critères centraux
(critères rédhibitoires) en termes de travail des enfants, de travail forcé, de la liberté
d’association, de la discrimination et de l’utilisation des pesticides. Ces exigences
s’appliquent à tous les producteurs et travailleurs, qu’ils soient permanents ou temporaires,
migrants ou locaux.
Est-ce que Fairtrade / Max Havelaar privilégie des plantations au lieu des petits
producteurs ?
Pour beaucoup de produits, Fairtrade / Max Havelaar travaille uniquement avec des petits
producteurs. La culture des bananes est particulière sur deux points notamment : c’est une
culture permanente tout au long de l’année, ce qui nécessite une main-d’œuvre importante
et autre caractéristique, 90% de l’exportation mondiale de bananes proviennent de fermes
de plus de 10 ha.
Douze ans après la certification de la première plantation de bananes dans le système
Fairtrade / Max Havelaar, les petits producteurs restent largement les principaux
bénéficiaires du commerce équitable labellisé Fairtrade / Max Havelaar. Deux bananes sur
trois labellisées Fairtrade / Max Havelaar vendues dans le monde proviennent d’une
organisation de petits producteurs.
Fairtrade et les droits de l’Homme
Fairtrade / Max Havelaar travaille dans les régions où les risques de violations des droits de
l’Homme sont connus. Fairtrade / Max Havelaar respecte les législations nationales et
internationales, y compris les droits de l’Homme sur les questions de harcèlement et d’abus
sexuels, du trafic des êtres humains, des pires formes de travail des enfants, du travail forcé
et de toute discrimination. Les normes Fairtrade / Max Havelaar comprennent des critères
centraux strictes sur ces questions et sur d’autres conventions fondamentales de l’OIT. La
conformité avec les normes du commerce équitable est vérifiée par FLO-CERT, une société
agréée ISO-65, ce qui signifie une reconnaissance officielle de son indépendance.
Les difficultés rencontrées par les agriculteurs et les travailleurs dans les pays en
développement vont bien au-delà de la portée de la seule certification. Fairtrade
International développe une expertise dans ce domaine, y compris sur le travail des enfants
et les droits des travailleurs, afin que nous puissions adopter une approche de plus en plus
proactive et nous attaquer aux causes profondes des problèmes qui affectent les
producteurs et les travailleurs du monde entier.
Rien n’est jamais acquis, rien n’est entièrement gagné lorsqu’il s’agit d’améliorer les
conditions de vie et de travail de millions de gens. Mais ce qui reste certain, c’est qu’en deux
décennies, le commerce équitable a permis à de nombreux individus de vivre mieux. C’est
certainement insuffisant et encore trop faible, mais la seule voie pour que les résultats soient
encore plus importants, c’est que nous, consommateurs du Nord, exigions toujours plus de
produits issus du commerce équitable dans nos achats. L’idéal reste qu’un jour, le
commerce équitable devienne la norme du commerce international et replace l’humain au
cœur des échanges.
Marc Blanchard
Directeur Général
Association Max Havelaar France