
Le trafic Eurostar a repris, mercredi 24 juin au matin, après une suspension mardi après-midi en raison de l'irruption sur le terminal Eurotunnel de Coquelles, près de Calais, de quelque 200 grévistes de MyFerryLink. Ces derniers avaient brûlé des pneus sur les voies près de la gare de Fréthun, dans le Pas-de-Calais.
« Le trafic des trains Eurostar est tout à fait normal dans les deux sens », a déclaré un porte-parole d’Eurotunnel mercredi matin. La circulation dans le tunnel sous la Manche avait déjà été rétablie dans la soirée, après plusieurs heures d’interruption.
« On a été trahis »
Depuis matin mardi, des marins en grève, inquiets après la vente de leurs bateaux à une compagnie concurrente, la danoise DFDS Seaways, ont mené plusieurs actions dans le nord de la France. Les grévistes ont ainsi bloqué une première fois le tunnel sous la Manche pendant près de six heures, avant d’être délogés par les forces de l’ordre, un peu avant 10 heures, de l’autoroute A16, où ils s’étaient assis.

Les marins ont aussi empêché le Malo-Seaways, de DFDS, de débarquer son chargement, forçant le navire à repartir vers Douvres, en Angleterre. Le port de Calais est resté bloqué une partie de la journée et les bateaux ont dû rester à quai. DFDS a été contrainte de rediriger son trafic vers le port voisin de Dunkerque (Nord), et la compagnie P & O de rediriger ses clients… vers DFDS.
Au début du mois de juin, Eurotunnel, propriétaire des trois bateaux qu’exploite la coopérative SeaFrance par le biais de la compagnie MyFerryLink, a annoncé qu’il allait vendre deux des navires à DFDS. Cette décision signe la fin de la société coopérative de production (SCOP), mise en redressement judiciaire le 11 juin par le tribunal de commerce de Boulogne-sur-Mer.
« Le gouvernement français doit faire pression sur [le PDG d’Eurotunnel, Jacques] Gounon, a déclaré mardi Eric Vercoutre, secrétaire général du Syndicat maritime nord, largement majoritaire au sein de MyFerryLink. On demande que la position de la SCOP SeaFrance soit vue. On a été trahis ». Le PDG d’Eurotunnel avait prévenu que l’ensemble des six cents salariés ne serait pas repris par la société danoise.
Mais mardi soir, le gouvernement a demandé à Eurotunnel « de revoir son projet et de travailler à une meilleure solution du point de vue de l’emploi ». « Il convient de rechercher d’autres solutions permettant la reprise de davantage de salariés. (…) Le groupe Eurotunnel, grande entreprise du Calaisis, ne peut pas se dédouaner de sa responsabilité sociale », poursuit le secrétaire d’Etat chargé des transports, Alain Vidalies, dans un communiqué.
Les éventuels repreneurs ont jusqu’à mercredi 15 heures pour déposer un dossier de reprise des bateaux. La SCOP entend faire valoir le sien. « On est aidés par la région, le département, on a une offre qui reprend les six cents salariés, a affirmé M. Vercoutre. Il est hors de question que DFDS prenne nos navires, jamais ! Si vous voulez passer un été chaud, il faut venir à Calais. »
Le syndicat maritime Nord a promis « des actions fortes » si Eurotunnel arrêtait effectivement de louer ses navires à la SCOP SeaFrance. « Il y a les vacances le 1er juillet… On se mettra tous autour de la table pour parler d’actions fortes qui peuvent déstabiliser l’économie dans notre région », a menacé mercredi M. Vercoutre à l’issue d'une assemblée générale devant 150 employés environ dans un hangar situé dans le port de Calais.
De l’autre côté de la Manche, Londres a annoncé mercredi le renforcement du contrôle de l'immigration clandestine au port de Douvres, sur la côte anglaise. De nombreux migrants ont tenté de profiter de la situation pour monter à bord des camions à l'arrêt dans les files d'attente. « Il est profondément regrettable de voir ces incidents survenir à la suite d'un mouvement social en France », a déclaré James Brokenshire, secrétaire d'Etat britannique à l'immigration et à la sécurité, qui dit être « en contact étroit » avec les autorités françaises sur la question.
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