Par ÉTIENNE MILLIEN
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De plus en plus d’entrepreneurs du BTP s’équipent grâce aux coopératives d’achat. Un gain de temps, d’argent et d’indépendance

Le bâtiment ne se porte pas bien. La Confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment (Capeb ) enregistre un recul d’activité de 2 % au premier trimestre de 2014, soit la confirmation d’une « baisse ininterrompue depuis deux ans », selon son président, Patrick Liébus.

Les artisans déplorent une diminution des mises en chantier, ainsi qu’une détérioration des carnets de commandes et de leur trésorerie. Et ce ne sont pas leurs fournisseurs qui semblent disposés à faire des efforts. "Ils appartiennent tous à des grands groupes", affirme Philippe Chassin, un artisan spécialisé dans les énergies nouvelles, installé à Saint-Médard-d’Aunis (Charente-Maritime). " Ils ont tous des actionnaires à rémunérer, avant de se préoccuper des clients. On n’est pas là pour engraisser les fonds de pension américains."

Adhérents et administrateurs

Depuis dix-sept ans, Philippe Chassin a choisi d’adhérer à la Covap, une société coopérative artisanale chargée d’acheter les produits dont ont besoin ses membres. Ils sont 320 aujourd’hui à faire comme lui, livrés deux fois par semaine par camion depuis le dépôt de La Rochelle. " L’époque où l’on appelait trois ou quatre fournisseurs pour établir un devis est révolue. On n’a plus le temps de le faire. Avec la coopérative, on est sûr d’avoir du stock et des prix compétitifs. "

Enthousiaste, Philippe Chassin fait partie des administrateurs de la coopérative. Ils se réunissent tous les mois pour déterminer les orientations de leur structure, dirigée par un directeur qu’ils salarient. " La coopérative, c’est une façon de voir les choses. Ceux qui participent ne sont plus des concurrents, ce sont des copains ." En prenant en main leur approvisionnement, les artisans deviennent un peu plus acteurs de leur secteur.

Sur un plan financier, ils s’assurent les prix les plus équitables. Loïc Gaudin, qui a repris deux entreprises de chauffage, plomberie et énergie à Neuvic et Saint-Astier (Dordogne) il y a une dizaine d’années, a soutenu la création de la Codor , la coopérative d’achat du BTP de Dordogne. " Au lieu de se voir imposer des choix par un fournisseur, les artisans peuvent prendre leurs propres décisions. Ils peuvent gérer leur stock facilement et ne sont à la merci de personne. "

Extension d’activité

À la Capeb, qui représente les intérêts des artisans, le ton est similaire. " Ils gagnent du temps, s’assurent de la stabilité des prix et ne subissent pas de défaut d’approvisionnement. Qui peut se permettre aujourd’hui de demander à un particulier d’attendre six semaines qu’une pièce soit livrée par un fournisseur ? " résume Sonia Dugas, secrétaire générale de la Capeb Gironde.

La tendance se développe. Partie de l’ouest de la France, elle s’ancre dans la région, des Pyrénées aux Charentes. Installée à Bègles (Gironde), la Copagir cherche actuellement à étendre son activité à travers le département. Son directeur, recruté il y a quelques semaines, démarche activement les artisans autour de Bordeaux.

L’Orcab, qui fédère 49 coopératives (bois, plomberie-sanitaire-chauffage, gros œuvre) dans 15 régions, a vu le nombre de ses adhérents grimper de 4 % l’an passé. Son chiffre d’affaires a progressé de 3,5 %, à 719 millions d’euros.