Vive les jeunes. Et si nous faisions confiance à la jeunesse ?

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Vive les jeunes. Et si nous faisions confiance à la jeunesse ?

Chaque fait divers semble nous rappeler que les jeunes sont responsables des maux de notre société : violence, addictions, communautarisme. En tant qu’élus locaux et responsables associatifs, nous ne partageons pas ce constat et faisons le pari inverse : pour nous, la jeunesse est une ressource pour nos territoires, notre société. Aux clichés, nous opposons ce que nous voyons chaque jour : des jeunes qui agissent et participent au dynamisme de nos cités. Encore faut-il leur faire confiance !
Dans ce contexte, l’Etat a un rôle à jouer, or les nouvelles baisses annoncées de crédits publics menacent les politiques innovantes des co ! llectivités et des associations.

Le récent rapport de Luc Ferry sur le service civil est l’occasion de relancer l’action publique en matière de jeunesse. Les urgences se situent tant au niveau des objectifs que des mentalités, des moyens que de la mise en œuvre. Le cap à suivre est de permettre aux nouvelles générations de se projeter dans l’avenir sans crainte. Pour cela, nous devons les accompagner dans leur émancipation progressive de l’enfance à l’âge adulte. D’où l’importance de projets partagés, nationaux et locaux, bénéficiant d’un financement croisé et de la mobilisation de tous : Etat, collectivités, CAF et associations.

Et la citoyenneté dans tout cela ? Si nous voulons que les jeunes se sentent acteurs de leur vie et d’un destin commun, il s’agit de les mettre en situation dès le plus jeune âge : dans l’école, au niveau de l ! eur quartier, de leur ville, en multipliant les espaces de débats, de prise de responsabilité et de rencontres entre jeunes et élus.

Confiance, co-éducation, coopération avec les associations, participation, sont pour nous les maîtres mots de ce que doit être une politique jeunesse que nous appelons de nos vœux.

- Gilles Pargneaux, Maire d’Hellemmes, Président de l’Anacej
- Chantal Carrararo, Conseillère municipale déléguée de Nancy, 1ere vice-présidente de l’Anacej
- Bruno Julliard, Adjoint au maire de Paris, Vice-président et porte-parole de l’Anacej
- Jean-Luc Dailcroix, Secrétaire général de l’Anacej
- Mikaël Garnier-Lavalley, Délégué général de l’Anacej


La tribune de l’Anacej, ci-après, publiée à la page 37 de l’édition de Libération du lundi 6 octobre, interpelle sur la relance de l’action publique en matière de jeunesse.

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10-10-2008 par LAVEAUD Michel-Jean

Voilà une belle accroche !
Et si nous faisions confiance à la jeunesse !
L’ANACEJ qui a le grand et exceptionnel mérite de tenter d’impliquer les jeunes dans les " affaires locales" avec les Conseils municipaux des jeunes, bataille comme le Réseau des "Junior Association" ou Défense des Enfants International France pour qu’une parole des jeunes ( mineurs juridiquement) trouve un " Droit de cité" dans des formes sociales qui leur permettent d’expérimenter la citoyenneté avant le plein exercice de tous leurs droits, l’implication dans la vie sociale avec une relative autonomie et spécificité.

L’apparente et récurente difficulté des adultes pour accorder ce "Droit de cité" à l’expression des jeunes, à l’examiner d’un peu plus prêt n’est pas seulement une relégation systémique ( dans l’ensemble de la vie sociale, sauf la pub o๠la manipulatiuon devient la fameuse discrimination positive),mais une conséquence d’une étrange conception de l’à¢ge adulte, celle de "la maturité" et du sens des responsabilités.

Le désarroi culturel, économique et social actuel de nos sociétés " avancées" ne doit pas grand chose à la jeunesse comme cause, la sagesse et la maturité des adultes y sont peu crédibles, aussi la réussite éducative et la réussite scolaire et professionnelle, comme un jeu de dominos souffre de se discrédit.

Ces 20 dernieres années, développe le paradoxe de l’alongement de la durée de vie en étant en relative bonne santé plus longtemps et une dégradation de la qualité de vie des enfants et des jeunes embarqués dans la spirale de la compétitivité et du productivisme. Les mutations profondes du travail salarié n’en font plus seul un indicateur fiable de socialisation, la vie par ailleurs ( culturelle, sportive, associative, l’engagement dans des solidarités proches ou lointaines) prend une place égale à l’emploi. Dans la période de scolarité obligatoire ( un miroir ?) les seules performances scolaires ne suffisent plus rassurer les parents sur un heureux et serein engagement dans la vie de leur progéniture. Est-ce à dire que les jeunesses ( en famille, à l’école et dans la société) se font échos et diffusent leurs tonalités dans les autres temps et lieux de vie sociale, le doute n’est pas permis.

Aussi les politiques publiques ( le législateur) seraient bien inspirées de redéfinir un cadre global de confiance, d’apprentissage et d’accompagnement de l’enfance vers l’à¢ge adulte, mais il n’est pas sérieux d’esquiver la part de corresponsabilité de l’ensemble des acteurs "éducatifs" et en premier lieu maintenant les Collectivités territoriales avec le tissu associatif qui contribue à "la réussite co-éducative".
Pour ne pas perdre de vue l’engagement de l’ANACEJ, les Conseils municipaux adultes gagneraient à ne pas transformer en figurants inopérants les Conseils municipaux des jeunes. En figurants statiques - muets- malgré l’évidente avance d’expertise des " juniors’ pour l’intercommunalité vécue par exemple.
L’ANACEJ, comme les "Junior association" sont confinés à la commune, alors que les regroupements scolaires pour l’enseignement élémentaire, puis le caractère intégrant intercommunal des collèges et des lycées, font des " juniors" des témoins - rarement acteurs - de ses interdépendances et de ses solidarités territoriales.
Comme un boomerang " la distinction" entre les bourgeois du centre ville et "périphériques" des banlieues ou péri-urbains ou ruraux, construit un contexte paradoxale pour l’éco-citoyenneté et le développement durable clamés haut et fort. Fragmentation des populations, des paysages et des regards interdisant la compréhension et l’agir sur la systémique des processus.

Pour faire confiance aux jeunes, encore faudrait-il que les adultes se fassent confiance entre eux, tous d’abord en mettant en oeuvre les moyens documentaires qui illustrent les territoires et précisent les enjeux du développement local et global ( Systémes d’Information Géographiques, pour les , PER, SCOT, PLU / développement durable).

Les Collectivités Territoriales qui associent les " juniors" à des chantiers dignes d’intérêt tirent bien leurs épingles du jeu, plusieurs Départements ont pris l’initiative au-delà de leur compétence administrative de faire -laisser vivre "les communautés éducatives", autant dans la vie des quartiers, au collège, dans les loisirs et dans les parcours d’orientation- formation professionnelle, y compris avec le recours aux "seniors" disponibles pour témoigner des parcours de vie, des temps qui changent, comme les paysages et les sciences et les techniques.

"Les jeunesses au travail", tel est le titre d’un Colloque organisé par l’Association Internationale des Sociologues de Langue Franà§aise ( Université Toulouse Le Mirail) .

Pour s’assurer d’une confiance réciproque des ateliers d’écriture " juniors-seniors" relatif au travail , à l’activité et pas seulement à l’emploi, en 2009 Le Printemps des poétes et La semaine de la Langue Franà§aise et un concours de Nouvelles relatif à " la qualité de vie au travail à l’école" qui au printemps conforteront les engagements de l’ANACEJ. Initiative pour défendre et illustrer la (re)connaissance de la Convention Internationale des Droits de l’Enfant (CIDE intégrale du 20 novembre 1989) qui aura 20 ans et fera suite aux
2 émes Assises de la Jeunesse au Conseil Economique et Social Environnemental le 17 octobre prochain à Paris.

Comme une étrangeté, le Mois de novembre, Mois de l’Economie Sociale ( et Solidaire ?) pour 20 Régions de France, offrira peu d’interfaces avec les collèges et les lycées,. Une forme de défiance réciporoque entre l’ESS et l’Education Nationale ou entre l’ESS et les "jeunes" ? Le effets de mur des logiques institutionnelles ne facilitent pas la reconnaissance de l’évidence d’une économie plurielle.

Les ateliers d’écriture et d’expression artistique intergénérationnelle qui remettent " le travail " sur le métier, voilà bien aussi une économie sociale et solidaire expansive, durable et solidaire.
Pour les A.J. (anciens jeunes), c’est le travail de mémoire mis en partage, c’est bon pour l’entretien des facultés mentales des seniors et utile pour la compréhension par les "jeunes" des processus de transformation des sociétés.
Et si nous faisions confiance aux "anciens" au-delà de leurs éventuels bas-de laine, nous aurions aussi recours à leurs savoirs pas tous inutiles.
Si nous faisons confiance aux jeunes et aux vieux, objets d’une double relégation en miroir dans une société dite de la connaissance. Pas une société de la reconnaissance ?
cf. "La mise en culture des territoires" Presses Universitaires de Nancy - juillet 2008.

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