Quand la finance solidaire participe à la création d’emplois et au développement durable dans le secteur du tourisme en France

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Quand la finance solidaire participe à la création d'emplois et au développement durable dans le secteur du tourisme en France

La finance solidaire : un instrument financier de proximité

La mise en place des outils de financement qui rapprochent prêteur et emprunteur sur le fondement d’une communauté d’intérêt, peut trouver son origine dans le mouvement mutualiste et coopératif né dans le courant du XIXème siècle. C’est ensuite sous des formes différentes que ce courant s’est développé au XXème siècle tant en Amérique du Nord qu’en Europe ou dans les pays en développement.

Ainsi, la mobilisation d’une épargne de proximité a-t-elle été un des leviers du développement économique aux Etats-Unis dans les années soixante-dix notamment par l’émission d’emprunts par les municipalités pour des projets économiques ou encore l’incitation fiscale à l’actionnariat de voisinage pour la création d’entreprises. Ailleurs, la création de nombreuses institutions de micro-crédit, notamment dans les pays en développement, pour favoriser la création d’activité et agir sur la pauvreté en est un autre exemple.

Le concept de la finance solidaire et éthique est donc né un peu partout dans le monde pour répondre à des problématiques diverses et à différents types de besoins émanant autant des épargnants qui recherchent une « meilleure utilisation » de leur épargne que des utilisateurs des fonds qui cherchent, pour développer leurs projets, des moyens qui soient plus en adéquation avec leur situation.

Alors, quoi de commun entre ces différentes initiatives françaises et étrangères ? :

·la création en 1980 de la structure de capital-risque Herrikoa dans le pays basque grâce aux apports de plus de 2.000 actionnaires locaux (plus de 3.000 aujourd’hui), qui a investi dans plus de 200 entreprises du pays basque et contribué à créer près de 2.000 emplois ;

·la South Shore Bank à Chicago qui, confrontée au début des années soixante-dix à la paupérisation de sa zone de chalandise (le centre de la ville), s’est orientée de manière volontariste dans l’incitation et la promotion des initiatives porteuses de revitalisation, en particulier dans le domaine du logement et des services de proximité, en s’appuyant sur les réseaux associatifs locaux ;

·La banque Triodos créée en 1980 aux Pays-Bas qui fait de la transparence de l’utilisation de l’argent déposé par ses clients un de ses principes fondamentaux. Véritable banque, elle gère plus de 60.000 comptes et un encours de prêts de près de 400 millions d’euros. Installée aujourd’hui également en Belgique, en Angleterre et en Espagne, elle soutient des projets de développement social, culturels et environnementaux et s’est engagée dans le soutien au micro-crédit dans les pays en développement ;

·la mobilisation des élus et des habitants de Montclar (Alpes de Haute-Provence) qui depuis 1970, pour sauver leur village du déclin, investissent directement, seuls ou avec l’appui d’une société de capital-risque régionale SAMENAR, dans la création d’un village de vacances, de gîtes et dans la création d’une usine de production d’eau de source commercialisée ensuite sous le nom de Montclar ;

·la création en 1990, par appel publique à l’épargne, de la société coopérative spécialisée dans les placements à risque Autonomie et Solidarité qui a investi dans près de 150 projets de création d’entreprises qui favorisent l’insertion des chômeurs dans la région Nord-Pas-de-Calais, grâce aux 2 millions d’euros collectés auprès d’épargnants régionaux ;

·le Fonds Commun de Placement Insertion Emplois créé en 1994 à l’initiative de la Caisse des Dépôts et Consignations, de la Caisse d’Epargne et de la CFDT qui collecte l’épargne de personnes morales (comités d’entreprises, associations, fonds d’épargne salariale notamment) et de particuliers qui y investissent directement. 10% de l’épargne ainsi collectée est investi dans des entreprises à vocation solidaire.

Toutes ces initiatives s’inscrivent dans un courant qui a pris de l’ampleur depuis les années soixante-dix et qui croît avec l’augmentation des besoins de financement et la prise de conscience de nombreux citoyens du rôle qu’ils peuvent jouer dans le développement de projets qui correspondent à leurs convictions.

Ces « précurseurs » ont en effet en commun quelques convictions fortes :

·le besoin de rapprocher l’emprunteur du prêteur qui peut ainsi mieux mesurer l’impact de son épargne,
·la conviction que la maxime « aide toi et le ciel t’aidera » peut s’appliquer au développement local,
·l’intention qu’une partie de la société civile fasse avancer concrètement le développement durable en appuyant des projets écologiques précurseurs ; ces exemples réussis pouvant influencer les décisions politiques.

Il faut dire qu’avant de parler de « finance solidaire », c’étaient plutôt les termes d’épargne de proximité, d’« argent chaud », voire de « love money » qui ont été utilisés.

Ces expressions sont révélatrices du sens de ces démarches. La notion de proximité notamment a eu d’abord une connotation géographique avant de s’étendre à la proximité sociale, culturelle ... des personnes.

Cette notion de proximité est aujourd’hui primordiale dans la finance solidaire et c’est un aspect que tout porteur de projet qui s’adresse à l’une ou l’autre des institutions financières doit avoir présent à l’esprit ; il faut qu’il sache créer une proximité entre son projet et les motivations des investisseurs solidaires.
A ce jour, tous secteurs confondus, la finance solidaire a déjà participé à la naissance de 8.000 entreprises et à la création ou à la consolidation de 13.400 emplois en France.

Fondée en 1995 par des institutions financières solidaires et des établissements financiers, l’association Finansol est, en France, le seul collectif de représentation du secteur des finances solidaires dont il réunit aujourd’hui la plupart des acteurs.
La situation de la finance solidaire comme sous-ensemble du secteur financier est par ailleurs soulignée dans la mesure où Finansol affiche clairement son souhait de voir les institutions de la finance solidaire s’allier avec les acteurs traditionnels du monde financier, afin d’assurer une meilleure complémentarité entre les types de financement.
L’association Finansol labellise les produits d’épargne et regroupe la majorité des structures qui proposent des financements solidaires.

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