Angus Deaton, "prix Nobel" d'Economie 2015.

Angus Deaton, "prix Nobel" d'Economie 2015.

AFP PHOTO / PRINCETON UNIVERSITY / LARRY LEVANTI

Comment les choix de consommation à l'échelle individuelle peuvent-ils influer sur l'efficacité des politiques de réduction de la pauvreté ? Telle est la question centrale posée par les travaux d'Angus Deaton, l'économiste américano-britannique qui a reçu le "prix Nobel" d'économie.

Publicité

Comment mesurer la pauvreté?

Ce professeur de 69 ans, qui travaille à l'université de Princeton mène des recherches sur la mesure de la pauvreté, notamment en Inde. Il fait partie de la commission de la Banque Mondiale chargée de construire un nouvel indicateur de mesure de la pauvreté, les méthodes actuelles étant très critiquées. "La révision à la hausse ou à la baisse [du seuil de pauvreté] exercera une grande influence sur les politiques publiques et sur les flux d'aide mondiaux et, in fine, sur le bien-être des populations", expliquait-il au Financial Times fin septembre.

Dans son livre La Grande Évasion: santé, richesse et origines de l'inégalité, Deaton souligne que globalement, l'humanité a vu son bien-être s'accroître de manière spectaculaire depuis deux siècles et demi, comme en témoigne l'allongement de l'espérance de vie et le recul de certaines maladies. Mais que ce progrès s'est accompagné d'un creusement tout aussi impressionnant des inégalités. Selon lui, l'une des explications à ce paradoxe réside dans les indicateurs utilisés pour mesure la croissance d'une part, et la pauvreté d'autre part.

Interrogé ce lundi sur l'actualité des migrations actuelles vers l'Europe, il a répondu : "Ce à quoi nous assistons est le résultat de centaines d'années d'un développement déséquilibré (...) qui fait qu'une partie du monde accuse un important retard" socio-économique. "La réduction de la pauvreté résoudrait le problème, mais pas à court terme".

Quel impact ont les inégalités sur la santé?

Les recherches d'Angus Deaton portent également sur la façon dont les revenus, l'éducation et l'environnement social des individus influencent leur santé. Il a notamment montré que la composition raciale des Etats américains était liée au taux de mortalité. Il s'est également penché sur les problèmes de santé en Chine, et le VIH en Afrique.

L'argent fait-il le bonheur?

En 2010, l'économiste avait été remarqué dans les médias grâce à une étude, conduite avec le prix Nobel d'économie 2002 Daniel Kahneman, où il avait montré que l'argent faisait le bonheur, jusqu'à 75.000 dollars par an. Au-delà, l'estime de soi et de sa vie continuent d'augmenter, mais pas la satisfaction émotionnelle.

Publicité