Le chiffre est édifiant : une femme sur cinq est victime de harcèlement, de violences sexuelles sur son lieu de travail. La libération de la parole depuis le mouvement « me too », lancé il y a trois ans, n’épargne pas l’entreprise. Interception a voulu savoir comment le secteur professionnel s'empare de la question.
La déferlante "MeToo" s'abat sur l'entreprise. Rien que ces derniers mois, des affaires ont éclaté dans la restauration, les start-ups, les jeux vidéo, la publicité, les grandes écoles. Et l’énumération ne devrait pas s’arrêter de sitôt.
Si des femmes parlent, beaucoup se taisent : 70% des victimes n’en parlent pas à leur supérieur hiérarchique. Parmi la minorité qui en parle, la moitié estime que le règlement est en sa défaveur.
Dans son élan ininterrompu, la vague #MeToo a apporté cependant quelques progrès. La responsabilité de l’employeur est engagée plus que jamais.
Depuis deux ans, la loi impose un référent par entreprise de plus de 250 salariés. Mais la loi ne peut pas tout. Elle donne cependant une orientation claire pour le monde du travail.
Certaines entreprises privées sont désormais obligées de suivre des formations pour toucher des subventions publiques : c’est la conditionnalité des aides. Pour les associations, c’est une avancée majeure, même si c’est encore l’exception.
La société a beau évoluer sur ces questions, les fondamentaux restent bien solides.
Le "on ne peut plus rien dire" reste inexorablement avancé comme un argument par ceux qui assistent à cette révolution sans en comprendre ni les enjeux, ni les dangers.
Parler reste encore aujourd’hui une épreuve comme le rappelle Mathilde qui a subi des faits de harcèlements sexuels dans le Mc Donald's du Havre dans lequel elle travaillait. "Dès qu’on veut obtenir des droits, dénoncer certaines choses, on est directement mis sur le carreau, et on essaie de nous faire taire, on nous met la pression et je suis vraiment déçue de ça", témoigne la jeune femme qui a perdu son emploi depuis qu'elle a parlé.
Ce reportage débute dans le secteur de la publicités, secoué par deux répliques : la première il y a un an et demi et la seconde en septembre dernier. Nous irons aussi écouter le calvaire vécue par une femme qui a travaillé en boulangerie, harcelée par son patron et son fils.
« Me too au boulot, quand les victimes sortent du silence »
Reportage : Claire Chaudière
Réalisation : Audrey Ripoull, assistée de Thomas le Hetet
Mixage : Nicolas Régis
Pour aller plus loin
- Site de l ’Association européenne contre les Violences faites aux Femmes au Travail
- Harcèlement sexuel au travail : “ les employeurs et les managers sont en première ligne”, Fabien Soyez, Courrier Cadres, 25/11/2020
- Sexisme au travail : un nouveau risque professionnel, Sabine Guichard, Editions Tissot, 08/01/2020
- Un an après #Metoo, le monde du travail demeure-t-il une ”zone de non droit” en matière de violences sexistes ?, Nolwenn Weiler, Bastamag, 14/01/2019
- Marchal, Dominique, et al. " Le harcèlement sexuel, un objet légitime pour les syndicats ?", Travail, genre et sociétés, vol. 42, no. 2, 2019, pp. 185-190
- #Metoo devient un risque financier pour les entreprises, Marina Fabre, Novethic, 25/06/2018
- #MeToo Les bourreaux du travail, Amandine Cailhol et Anaïs Moran, Libération, 29/10/2017
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