Les valeurs de la Ligue de l’Enseignement

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Les valeurs de la Ligue de l'Enseignement

Faire vivre la laïcité

Pour la Ligue, la laïcité n’est pas simplement un principe constitutionnel. Valeur de civilisation basée sur la reconnaissance de l’égale dignité de tout être humain, la laïcité ne peut se cantonner au ciel des idées, mais elle doit au quotidien inspirer toutes les luttes contre les inégalités et les exclusions pour plus de justice sociale, dans une société solidaire. Pour la construction d’un monde en paix elle invite à faire vivre, construire et défendre sans frontières, une exigence humaniste pour l’essor de principes tendant à l’universel. Faisant de la diversité reconnue des cultures, une possibilité d’enrichissement commun et un facteur d’intégration, la laïcité, par la rencontre des personnes et la confrontation des idées qu’elle permet, facilite l’évolution des mentalités ; par l’éthique du débat qu’elle favorise, elle contribue au vivre ensemble et au fonctionnement réel de la démocratie.

Emanciper les individus des emprises collectives trop massives, mais aussi permettre de reconnaître comme légitime la diversité des affiliations spirituelles, confessionnelles ou philosophiques de citoyens qui partagent les mêmes convictions démocratiques, reste le sens de l’engagement de la Ligue pour la laïcité. Aujourd’hui, ce combat, plus que jamais nécessaire, passe par le refus résolu de toute forme de discrimination, la promotion d’une société française plurielle dans sa composition ethnique, riche de sa diversité linguistique, culturelle, religieuse et philosophique. En particulier, il importe de valoriser et de reconnaître l’apport des cultures issues de l’immigration, notamment celles qui proviennent de l’héritage colonial de la France, car nous avons une responsabilité particulière à leur égard.

Agir pour l’éducation

Depuis l’intuition des fondateurs qui, avec Jean Macé, voulaient ancrer la République naissante dans la conscience d’électeurs libres et responsables, jusqu’aux avancées de l’éducation populaire cherchant, dans la promesse d’une culture et de loisirs émancipateurs, les moyens d’une égale dignité de tous et d’un accomplissement de chacun, la Ligue de l’Enseignement a toujours inscrit ses actions dans la promotion de l’éducation sous toutes ses formes. Aujourd’hui, la Ligue appelle ses fédérations départementales et ses adhérents à une véritable refondation de ce projet d’éducation populaire, afin que soit mieux assurée l’égalité des chances, que la promotion individuelle de chacun soit associée au développement de l’intelligence collective, que les identités individuelles et collectives soient confortées et qu’une ouverture culturelle soit proposée à tous.
Cela passe par une école renouvelée et une mobilisation de tous les acteurs, dans et autour de l’école, afin que celle-ci devienne un véritable lieu de prise de responsabilité des jeunes. Mais cela passe aussi par la construction d’un véritable projet d’éducation permanente, afin que chacun puisse recevoir à tout moment les outils dont il a besoin pour s’accomplir dans sa vie professionnelle et personnelle, dans son travail et ses loisirs.
Afin de défendre le Service Public, la Ligue ne peut se contenter d’être simplement prestataire, elle doit mobiliser toutes les énergies pour la transformation et l’adaptation du système éducatif. Et cela afin de ne pas assister impuissants à une dérive vers une privatisation inexorable.
Autour de l’appel pour "l’école que nous voulons", par la construction des contrats éducatifs locaux, la formation des délégués élèves, la promotion de formes renouvelées d’universités populaires, la Ligue agit pour que la démocratie puisse se nourrir de l’engagement de citoyens responsables pour une culture commune partagée.

Agir pour la citoyenneté

La Ligue promeut une citoyenneté active et partagée. Cela suppose des institutions de participation sociale et politique accrue : qu’il s’agisse de la démocratie au plan local, mais aussi des différents niveaux de la démocratie politique, l’implication des citoyens et des associations civiques doit devenir la règle. Nous progresserons ainsi vers une meilleure culture de la délibération et de l’évaluation, mais nous devons aussi faire progresser la capacité de représentation, en promouvant des responsables issus du monde associatif reflétant la diversité sociale et culturelle de ce pays.

Cependant l’interpellation civique ne doit pas se limiter aux seules institutions politiques et sociales : c’est aussi les formes que prend le débat public qui doivent être interpellées. La Ligue doit prendre toute sa place dans l’action en faveur d’une information qui privilégie la réflexion sur l’émotion et les arguments sur le sensationnel. Elle refuse la dilution de l’information dans le divertissement, la confusion de la critique avec la dérision, la réduction du débat d’idées à des petites phrases et à des conflits de personnes. La réflexion qu’elle a engagée avec des professionnels de l’information et des responsables associatifs, sur le cours de l’information doit permettre qu’on évite des dérives qui conduisent, en raison de la tyrannie de l’actualité et de la concurrence entre médias, à ce que des faits mineurs, parfois mal établis, soient montés en épingle et se transforment en véritable campagne provoquant la peur et le sentiment d’insécurité. Ces initiatives ne doivent pas être limitées au plan National.

La Ligue doit aussi être toujours plus à l’écoute des jeunes. Beaucoup nous ont montré une formidable capacité de mobilisation quant ils estimaient qu’une société métissée, dans laquelle ils vivent avec plaisir, pouvait être menacée par le contexte politique. Si leurs motivations pour des questions économiques et sociales laissent souvent le pas aux préoccupations humanitaires et culturelles, ils devraient trouver légitimement place dans notre organisation. Pour cela, la Ligue doit continuer à développer et à leur proposer des formes d’expression et d’actions adaptées.

La Ligue a aussi une responsabilité particulière quant à la promotion de responsables issus de l’immigration, dans nos associations et dans la vie publique en général, afin de récuser dans les faits les idéologies d’intolérance et de haine qui prospèrent sur la peur et le mépris de l’autre. La constitution, au sein de notre organisation, d’une commission nationale "citoyens dans leur diversité" est une initiative forte qui doit être rapidement relayée sur l’ensemble du territoire. De la même façon, on ne peut passer sous silence, même au risque de donner l’impression de s’inscrire dans un phénomène de mode, l’importance qu’il a de favoriser la prise de responsabilités des femmes dans la société, et d’abord dans notre mouvement. La Ligue s’est déjà prononcée sur ce sujet quand personne ne parlait de parité, mais les faits montrent qu’il reste beaucoup à faire.

Enfin, la citoyenneté aujourd’hui appelle à élargir le champ des responsabilités collectives aux préoccupations du long terme, et de la dette que nous contractons envers les générations à venir, ainsi qu’envers l’ensemble de la planète. Profondément engagée dans des actions de solidarité, de coopération et de développement à travers un réseau comme Solidar, la Ligue doit continuer à contribuer avec d’autres à construire les outils d’une mondialisation maîtrisée.

Créer les conditions de la solidarité
pour construire une société de justice et de paix

Pour cela, il faut avant tout agir pour la justice sociale.
Nous ne pouvons nous résoudre à une double fracture sociale et civique. L’égalité juridique des citoyens ne peut aller sans le souci des moyens d’exercer cette égalité, tout comme leur émancipation intellectuelle et morale ne peut ignorer leur émancipation matérielle. Aujourd’hui, l’individualisation des modes de vie et l’individualisme des comportements, s’ils correspondent à des aspirations légitimes, ont souvent pour corollaire une croissance des inégalités et leur extension dans des domaines où elles étaient auparavant contenues et combattues (l’éducation, la santé, le loisir, etc.).
C’est en particulier l’emprise d’une logique marchande généralisée qui fait courir le risque de nouvelles injustices. Résister à cette emprise marchande, c’est bien sûr défendre les Services Publics en exigeant leur adaptation aux conditions de notre temps, mais c’est aussi interroger nos pratiques qui doivent être porteuses de sens et de questionnement social.

Toute une catégorie de la population, et c’est souvent les publics que la Ligue de l’enseignement touche le plus facilement, a su utiliser les formidables efforts de la nation pour rentrer dans la modernité et la mobilité. Cependant des efforts sont à faire en direction de ceux qui sont assignés à résidence. Lors de son Congrès de Nancy, en 1998, la Ligue de l’enseignement se fixait comme priorité d’agir avec les habitants, particulièrement avec les plus défavorisés. Une priorité qu’elle doit s’efforcer de mettre en œuvre jour après jour.
Au cœur d’univers dominés par la marchandise, comme la communication, ou menacés par son intrusion croissante, comme l’éducation, la Ligue doit, par des manifestations nationales, telles que l’Université de la communication ou le Salon de l’éducation, et des initiatives départementales et locales diverses, poser fortement ces questions, afin de lutter contre l’exclusion du progrès social.

Contre les inégalités, les politiques publiques sont trop souvent impuissantes, quand elles ne relayent pas ces injustices par des mécanismes qui consacrent les inégalités entre les territoires. Forte de son réseau d’associations, la Ligue s’efforce de favoriser toutes les formes de dotations territoriales compensatrices, entre communes, entre départements, entre régions, comme à l’échelle européenne.

Aujourd’hui, seule une action volontariste peut faire reculer les inégalités. Pour cela l’engagement des militants de la Ligue, motivé par des convictions, est à la fois possible et nécessaire. Car, pour une organisation comme la Ligue, ce n’est que par l’engagement civique que peuvent être trouvés les remèdes aux inégalités qui ne sont pas uniquement sociales, mais aussi culturelles et éducatives.

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